Valère Staraselski

1909-2009 Un siècle de Vie Ouvrière
Jacques Barbarin - Le Patriote Côte d’Azur
octobre 2009

Une Vie Ouvrière

Les gens croient sans doute que la presse syndicaliste ne parle que de problèmes de syndicats. Dans « La Vie Ouvrière » du 8 février 1961 un interviewé parle ainsi de son art : « On m’a trouvé des points communs avec les syndicalistes. On l’a écrit dans les comptes rendus de mes chansons. Après tout, c’est vrai : j’ai avec eux, en commun, le désir de montrer qu’il est possible de vivre debout, à la recherche du bonheur ». C’est Jacques Brel...

Et La Vie Ouvrière, en 2009, vient de fêter son centenaire. Cela n’est pas courant pour un titre de presse et à mon sens rares ceux qui peuvent célébrer cet anniversaire. Cent ans... Vous vous imaginez pouvoir plonger au cœur de ces années passées en feuilletant des cent ans de journal, voir défiler l’Histoire, le politique, l’économique, le social, le culturel, voir évoluer un titre, comment il change, il évolue ?

La VO du 2 mars 1961
Léo Ferré écoute un poème dit par Aragon

C’est ce voyage que nous propose un magnifique ouvrage, Un siècle de Vie Ouvrière, publié par les éditions du Cherche-Midi. Ce bel ouvrage s’orne en couverture d’une bouleversante photo de Willy Ronis. Ce photographe, né le 14 août 1910 août à Paris, mort le 11 septembre 2009 à Paris est un photographe français qui est l’un des représentants les plus éminents de ce que l’on a appelé la photographie humaniste. Petite note pour rendre hommage à un grand homme.

Mais revenons à notre ouvrage. Il est dû à Denis Cohen et à Valère Staraselski. Le premier a été dirigeant de la fédération CGT de l’énergie pendant 14 ans, il est l’auteur de Un syndicalisme durable. Valère Staraselski, spécialiste d’Aragon, a écrit plusieurs roman dont Une histoire française où, par la fiction, il analyse la France juste avant 1789. Il a dirigé l’ouvrage Un siècle d’Humanité, avec Roland Leroy, les trois ouvrages derniers ouvrages également au Cherche Midi.

Dans Un siècle de Vie Ouvrière défile à la fois le siècle mais aussi comment ce journal en rend compte. Nous commençons le 22 janvier 1909 avec le lancement de l’emprunt russe, La Vie Ouvrière naît le 5 octobre, le livre s’achève avec le numéro du 10 avril de La Nouvelle Vie Ouvrière. Quant à l’iconographie, elle « parle » autant que le texte. Emouvante avec la « première » de la VO, elle est particulièrement riche que ce soit en dessins, en photos, en reproductions de « unes » : plus de 700 illustrations, photographies et témoignages.

Mouvement social, politique, culture, science, combat pour la paix : cet ouvrage prouve à l’envi que La Vie Ouvrière, devenu récemment La Nouvelle Vie Ouvrière est un titre au carrefour des humanismes. Concernant la culture, j’ai évoqué cet interview de Jacques Brel dans la VO du 8 février 1961. Dans celle du 9 mars, une photo représente Léo Ferré écoutant un poème dit par Aragon...

A l’origine, une idée simple : doter le syndicalisme d’une « coopérative intellectuelle », une revue d’action rendant service aux militants au cours de leur lutte. Dépassant le tirage de Paris Match dans les années 60, s’élabore aujourd’hui une nouvelle formule, dans un paysage médiatique transformé, pour contribuer à façonner le syndicalisme du XXIème siècle. Cet ouvrage, préfacé par Bernard Thibaut, se conclut par les témoignages de Georges Séguy, de Louis Viannet, de François Duteil et de Alain Guinot, directeur de La Nouvelle Vie Ouvrière depuis 1999.
« Assez curieuse année que 1909 », écrit Pierre Monatte, fondateur de La Vie Ouvrière. « Regardons là d’un peu près. Même au risque de nous attarder. Cela ne sera pas du temps perdu » Quelle belle leçon et quelle belle profession de foi !

Jacques Barbarin

Illustration : couverture de l’ouvrage. Photo de Willy Ronis
Un siècle de Vie Ouvrière, éditions du Cherche-Midi