Valère Staraselski

La Fête de l’Humanité : 80 ans de solidarité
"La Fête de l’Humanité" de Valère Staraselski
par Lina Sankari

« 80 ans de Fête où chacun compte pour un »

L’historien et romancier Valère Staraselski retrace huit décennies de Fête de l’Humanité dans un ouvrage exceptionnel. Avec la solidarité pour fil rouge. l’autre fil rouge de ces huit décennies de Fête, il résiderait incontestablement dans cette volonté de réaliser l’union des forces de gauche.

« C’est dimanche, jour de repos avec personne sur le dos. » Nous sommes le dimanche 7septembre 1930, et la première Fête de l’Humanité sort de terre. Déjà, le « quotidien des prolétaires français », selon l’expression de son directeur Marcel Cachin, a besoin d’être soutenu financièrement.

Au-delà de la joie d’être ensemble et de la conscientisation civique et politique, qui sera déjà la marque de fabrique de ce rendez-vous, Valère Staraselski, auteur de la Fête de l’Humanité, 80 ans de solidarité, l’album publié spécialement à l’occasion de l’anniversaire de la Fête, décrit l’état d’esprit d’une classe ouvrière qui, travaillant dix heures par jour, sans vacances, découvre la Fête dans un état d’esprit particulier : « On peut être déconsidéré au sein de la société, la Fête de l’Humanité est alors un temps où chacun compte pour un. Il existe une permanence de la solidarité. » L’intérêt de l’ouvrage, qui se lit presque comme un roman, réside notamment dans la richesse des illustrations et documents d’époque, ainsi que dans la perspective qu’il donne sur la perception de la Fête dans et à l’extérieur des sphères militantes.
On découvre donc un lieu où les codes changent et où des pans invisibles de la société ont l’occasion de s’affirmer.

« Autre fait marquant : lorsqu’on passe les frontières de la Fête de l’Humanité, on est dans un rapport d’immédiateté avec l’autre. » L’écrivain militant fréquente la Fête depuis plus de trente-cinq ans, il a ainsi vu la Fête changer avec la société, tout en conservant sa capacité à être « un lieu d’échanges sans frontières d’âge ou de milieu social. Il existe une volonté d’être ensemble autrement ».

D’autres tendances politiques ont elles-mêmes tenté de construire leur fête. Ce fut le cas avec la Kermesse aux étoiles, organisée par les anciens de la 2e DB ou de l’extrême gauche, « mais toutes ces tentatives échoueront ». En 1954, la solidarité internationale s’incarne avec la création de la Cité internationale, au moment où les luttes d’indépendance, soutenues par le PCF, prennent forme.

Dans les années 1960, tandis que les annonceurs commencent à arriver, l’historien raconte avec amusement qu’un marchand de pianos parvient à vendre huit de ses instruments pendant la Fête. « On a beaucoup parlé de la récupération de la Fête par le capital. On constate au contraire que si les marchands viennent, ce ne sont pas eux qui commandent. Ils viennent car le peuple est là. » Si l’on devait chercher l’autre fil rouge de ces huit décennies de Fête, il résiderait incontestablement dans cette volonté de réaliser l’union des forces de gauche.

Du Front populaire au Front de gauche, en passant par l’Union de la gauche des années 1970. « Quelle que soit la situation, explique Valère Staraselski, il y a toujours cette volonté de surmonter les différences. »

Lina Sankari

Source : LHUMANITE

La Fête de l’Humanité de Valère Staraselski publié aux éditions du cherche midi.
176 pages, 32euros.