Entre Nerval et Alain Fournier – Par Philippe Lacoche
Des nouvelles où Valère Staraselski se lance à la recherche de la vérité.
Tenter de dire la vérité : Valère Staraselski ne cesse de le faire. De romans en essais (plusieurs sur Louis Aragon dont il est un spécialiste reconnu), de nouvelles en chroniques, on retrouve cette quête d’une exactitude absolue.
Et notamment dans son dernier livre de nouvelles, déjà publiées en deux recueils différents, à deux époques différentes. Epuisés, ces opus ressortent mais revus et réécrits. La première nouvelle, « Le Gant » évoque la rencontre entre le narrateur, Paul, et une jeune femme, Geneviève Boisgallais, non loin de Chantilly. On se croit parfois chez Nerval mais aussi chez Alain Fournier. L’état contemplatif des personnages, l’univers bucolique et pastoral y sont décrits avec poésie et élégance. Dès cette nouvelle, Paul commet une petite bévue devant la jeune fille en confondant l’Auvergne et le Limousin, bévue qui le plonge dans un mal être indicible. Il en va de même dans les « Arènes de Nîmes », où un personnage commet une erreur sur le lieu de la mort de Sainte Blandine. « Ces personnages sont comme moi très attachés à l’exactitude ! Surtout dans un monde où tant de fausse monnaie circule. Quand je me trompe, je rougis », confie l’auteur. Alors qu’il se dit non croyant, la religion et ses symboles traversent son ouvrage. Pourquoi ? « Dans les années quatre-vingt-dix, l’espérance en un monde nouveau, rendue possible par la révolution bolchévique d’octobre 1917 s’est clôturée avec la fin de l’Union soviétique », explique-t-il. « Et ce sont les religions qui, pour les damnés de la terre, ont très souvent remplacé l’idéal révolutionnaire. Pour moi, qui suis de culture judéo-chrétienne, j’ai retrouvé dans les Evangiles un peu de cet idéal révolutionnaire qui m’anime toujours ». Nul doute que Valère Staraselski doit penser que le doute demeure un bel outil pour sculpter cette vérité qui lui est essentielle.