Valère Staraselski

La revanche de Michel-Ange suivi de Vivre intensément repose
Philippe Lacoche - Le courrier picard - 2 février 2020

Courrier Picard – 2 février 2020 – Philippe Lacoche

Nouvelles - Valère Staraselski- L’écrivain réédite deux recueils de nouvelles en un livre littéraire et profond.

Tenter de dire la vérité, depuis son premier roman Dans la Folie d’une colère très juste publié en 1990 chez Messidor, Valère ne cesse de le faire (plusieurs livres sur Aragon dont il est un spécialiste.

« La littérature n’est pas la transcription d’une histoire,, la littérature est une tentative sans cesse recommencée de dire la vérité » écrit-il en quatrième de couverture de son présent recueil de nouvelles La revanche de Michel-Ange suivi de Vivre intensément repose. Le besoin d’une vérité et d’une exactitude absolues, on le retrouve dans son dernier livre, constitué de nouvelles déjà publiées chez le même éditeur en deux recueils différents, (1999 et 007). Epuisés, ces opus ressortent revus et réécrits.
« Le Gant », la première nouvelle, relate la rencontre entre le narrateur Paul et une jeune femme, Geneviève de Boisgallais, non loin de Chantilly. Dans ce texte, on se croirait chez Nerval mais aussi dans Le Grand Meaulnes d’Alain Fournier. Il y a pire comme comparaisons…
L’état contemplatif des personnages, l’univers pastoral et bucolique sont décrits avec élégance, panache et poésie. Dans ce texte, Paul commet une minuscule erreur devant la jeune fille, confondant le Limousin et l’Auvergne, bévue qui le plonge dans un mal être indicible et incompréhensible. Même scénario dans la nouvelle « Les Arènes de Nîmes » où un personnage commet une erreur sur le lieu de la mort de Sainte Blandine. « Ces personnages sont comme moi, très attaché à l’exactitude ! Surtout dans un monde où tant de fausse monnaie circule. Quand je me trompe, je rougis » confie l’auteur. Alors qu’il se dit non croyant, la religion et ses symboles forts traversent ce recueil délicat et très littéraire. On est en droit de se demander pourquoi. « Dans les années quatre-vingt dix, l’espérance en un monde nouveau, rendue possible par la révolution bolchévique d’octobre 1917 s’est clôturée avec la fin de l’Union soviétique », explique t-il. « Et ce sont les religions qui, pour les damnés de la terre, ont souvent remplacé cet idéal révolutionnaire qui m’anime toujours. ».Valère Staraselski aurait-il besoin du doute existentiel pour accéder à cette vérité qui lui est si chère ?

Philippe Lacoche

La Revanche de Michel-Ange, suivi de Vivre intensément repose. Valère Staraselski – La passe du vent - 278 p ; 15 euros