Valère Staraselski

Le Parlement des cigognes
Jean-Claude Caillette
Le lire et le dire-radio FPPlurielles
septembre 2017

De livre en livre, Valère Staraselski, creuse son sillon d’humaniste et fait entendre sa voix dans tous les domaines où il y a de l’injustice, des inégalités, de la violence et des abus de toutes sortes.
Son œuvre qu’il constitue, ouvrage après ouvrage - qu’il s’agisse de romans, d’essais ou de romans historiques - a toujours en filigrane un message social ou politique.

 En revisitant l’histoire "Une Histoire française"(2006, "L’Adieu aux rois"2013 Valère recherche (et trouve) les documents permettant de restituer la vérité historique.
 Dans "Le Maître du jardin"2011 , l’auteur remet en lumière le fabuliste Jean de La Fontaine, auteur de la liberté de plume ; peut-être le premier écologiste ?
 Et puis, le grand Aragon qui intéresse Valère au point d’en faire un sujet de thèse, de sorte que trois ouvrages lui sont consacrés.
"Aragon, la liaison délibérée", essai biographique
"Aragon l’inclassable" où Valère tire de l’oubli les derniers romans du poète.
"Aragon, l’invention contre l’utopie" Le poète communiste de l’après stalinisme.

Depuis quelques années Valère Starselski prête sa plume à la cause écologique.
"Sur Les toits d’Innsbruck" 2015 est une ode à la nature et une réflexion sur les dangers que représente notre inconscience face à la fragilité de notre planète.

"Le parlement des cigognes"

Dans ce court roman, Valère Starasaelski met en scène le choc entre un groupe de jeunes français en séminaire àCracovie et un vieil homme contemplant un tableau où s’ébattent des cigognes et qui raconte les horreurs dont il a été témoin et victime pendant la dernière guerre en tant que polonais juif.
Subtilement, l’écrivain fait prendre conscience à ce groupe de jeunes insouciants contemporains (et aux lecteurs) que la ville de Cracovie recèle des secrets honteux comme ce quartier de Plaszów, constitué de quelques bâtiments au milieu d’un terrain vague.
"Le camp de Plaszów. Avant, à cet emplacement, il y avait deux cimetières juifs. Les nazis les ont détruits. ... Ça s’est passé en 1942 quand on a construit le camp... Un camp de travail où l’on mourrait beaucoup. Après, en 1944, c’est devenu un camp d’extermination... Il y a un monument, mais on ne le voit pas d’ici."
Oui ! Une période dont les Polonais cherchent l’oubli...
Mais revenons vers le narrateur Zygmunt... Il est polonais, juif. C’est un adolescent de 17 ans qui vit dans le ghetto de Cracovie et relate que tous savaient qu’ils allaient vers la mort.
Par la bouche de Zygmunt, Valère Staraselki n’oublie pas de répondre à certains commentateurs sur l’atonie des juifs qui seraient allés à l’abattoir passivement.
Le vieux monsieur parle d’un choix évident entre l’élimination de leur famille annihilant tout désir de vivre et la connaissance intime qu’en cas de fuite, ils n’auraient aucune aide de la population polonaise.

De ce fait, on arrive au nœud du récit, c’est-à-dire, l’indifférence des Polonais, leur peur d’être exécutés en cachant des Juifs. Mais pire, la dénonciation, et surtout, la sauvagerie des habitants qui poursuivaient les Juifs, les remettaient aux allemands quand ils ne les assassinaient pas eux-mêmes.

Ce livre est donc un ouvrage de témoignages sur l’élimination des juifs polonais, mais également, les exactions barbares des Polonais qui ont participé aux massacres.

Valère Staraselki a écrit là plus qu’un roman en confirmant son rôle de passeur.
Ce qui lui fait déclarer :

"L’antisémitisme reprend, y compris en France. Le danger est toujours là."

"Le parlement des cigognes" est une lecture dont on ne ressort pas indemne. Non ! Juste avec un supplément d’humanité !