Valère Staraselski

Le Parlement des cigognes
Nathalie Gendreau
Le site Presta Plume
24 août 2017

Extrait
« En quête, en attente de voir les cigognes, de redécouvrir leur beauté lente, leur beauté immobile, la beauté simple des cigognes... Chaque fois, aujourd’hui encore, je suis émerveillé, porté par un enthousiasme sans bornes pour ces oiseaux ! Je puis affirmer qu’elles m’ont tenu en vie dans le malheur. Quand on n’a rien, ce qui est beau nous appartient. Oui, tout ! Les trilles des oiseaux, les papillons qui voltigent dans les branchages, la brise pure de la forêt et des champs, les crépuscules qui s’allongent au printemps et même le cri des corneilles qui annoncent le soir. Oui, la beauté ! Parfaitement, la beauté des cigognes en plein massacre. »


Avis de PrestaPlume ♥♥♥♥


Récit court et puissant qui ravive par réaction un souffle vital jusqu’au tréfonds de l’âme. Valère Staraselski connaît la valeur des mots simples qu’il appose comme un baume sur une plaie de l’Histoire, qu’il sait temporaire face à une cicatrisation utopique. On ne guérit pas de la Shoah, on se relève et on essaye de vivre pour transmettre... si on y parvient. « Le Parlement des cigognes » est le témoignage d’un vieil homme qui a échappé au camp de concentration dePlaszow, à Cracovie, en Pologne, mais pas au ghetto. Dansl’Europe de l’Est, la haine des Juifs a généré massacres en règle et persécutions pendant la guerre... et même peu après la victoire des Alliés sur les nazis.
Des Français sont en séminaire à Cracovie. Ils sont à peine sortis de cette adolescence guillerette et insouciante qui pousse à l’enthousiasme sans bornes pour tout ce qui distrait de la monotonie. Tout leur semble charmant dans cette ville encore assoupie sous la neige de février qu’ils n’hésitent pas à visiter lors d’un footing matinal. C’est à la suite d’un parcours hors des sentiers battus par les touristes qu’ils découvrent des rues encore marquées au fer de l’infamie par une guerre destructrice. L’Histoire se rappelle à ces jeunes Français dans une crudité dépouillée au travers des façades figées par le temps. Elle frappe avec insistance à la porte de leur inconscience quand l’attitude d’un vieillard les intrigue. Il est en contemplation devant un tableau « Le parlement des Cigognes » au musée de

l’Histoire de la ville. La conversation s’engage et de terribles souvenirs remontent à la surface trouble d’une vérité immergée depuis trop longtemps.
Au fil des pages, « Le Parlement des cigognes » glisse à pas feutré vers l’horreur, une horreur connue mais jamais totalement appréhendée, tant l’histoire personnelle des êtres martyrisés est unique. Dans la ronde de l’insouciance, la gravité s’invite avec aisance et déférence. Avec le personnage de ce vieillard aux douleurs enterrées, Valère Staraselski se fait spéléologue des sentiments dont il explore chaque galerie de l’intime. Outre les barbaries commises par les nazis, mais aussi par la populace libérée de toutes entraves humanistes, il hisse de l’abîme un passé toujours en fusion qui n’a pas su trouvé son échappatoire. Mais on y trouve aussi la force, l’envie et l’espoir. Cet espoir de s’en sortir vivant était si maigrelet qu’il se réduisait à espérer se réveiller le lendemain. Quand cette lumière effrayante du passé se confond avec celle de l’aube pure du présent, le contraste est saisissant et émouvant. L’amour guide toujours la plume de l’auteur. Et l’histoire d’amour de ce livre, dont le lecteur assiste à la naissance discrète, s’invite en toile de fond, comme pour illuminer cette part de nous qui se porte garant de notre humanité. L’amour en toutes occasions, et surtout dans les pires.

Valère Staraselski est l’auteur :

Aux éditions du cherche midi de Le Parlement des cigognes, Sur les toits d’Innsbruck, L’Adieu aux rois, Le Maître du jardin, dans les pas de La Fontaine,
Nuit d’hiver
Une Histoire française, recommandé par Historia,
Un homme inutile, Monsieur le député.

Aux éditions De Boréehttp://www.deboree.com/de Nuit d’hiver,
et Une Histoire française, en format de poche.

Auxéditions Seuil Jeunesse de La jeune fille au ruban, illustrationAnne Buguet.

Aux éditions de L’Harmattan deDans la folie d’une colère très juste, d’Aragon, la liaison délibérée, revu et augmenté en 2005, ainsi que d’Aragon, l’inclassable

Aux éditions Bérénice
de Aragon, l’invention contre l’utopie.