Valère Staraselski

Le Parlement des cigognes
Une poignante leçon d’histoire
René Granmont
Le travailleur Catalan - novembre 2017

Roman. Avec Le Parlement des cigognes" Valère Staraselski fait surgir du passé l’horreur de l’extermination des juifs polonais.

Au mois de mai, au cours d’une soirée de l’Université populaire du Travailleur Catalan, Valère Staraselski était venu parler de la situation des Juifs en Pologne avant, pendant et au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il avait alors annoncé la sortie de son neuvième roman pour les mois suivants et ‘’Le Parlement des cigognes’’ est arrivé dans toutes les librairies au mois de septembre. Ce court roman, écrit avec des mots simples, nous fait passer, avec une aisance remarquable de l’insouciance d’une douzaine de jeunes Français en stage à Cracovie à l’exposé presque clinique des souffrances des individus face à l’entreprise d’extermination dirigée par les nazis. Ces adolescents s’extasiant sur le charme de la vieille cité polonaise, vont découvrir au cours d’un footing matinal hors des sentiers battus, les lieux qui témoignent de l’abomination : l’ancienne résidence du directeur du camp de travail devenu camp d’extermination, celui que l’on voit la Liste de Schindler, le lieu où furent massacrés les survivants du Ghetto de Cracovie... Puis, lors d’une visite au musée de l’Histoire de la ville, ils rencontrent un vieillard en contemplation devant Le Parlement des cigognes. Par bribes, ce rare rescapé juif polonais va peu à peu faire remonter ses souvenirs et confronter ces jeunes aux terribles réalités de l’Histoire. Par la voix du vieil homme vont surgir du néant les suppliciés, les vies oubliées, l’horreur, l’indicible... Une évocation qui, lentement, simplement, sans pathos, vous envahit et vous prend à la gorge.

Pour ne pas oublier.
C’est ainsi, que l’on découvre que, si la Pologne compte le plus grand nombre de "Justes", une autre partie de la population a cautionné et même poursuivi au lendemain de la guerre les monstruosités orchestrées par les nazis. Pourquoi ce rescapé, malgré les terribles souvenirs qui le hantent, est-il revenu admirer le tableau Le Parlement des cigognes ? "Parce que les cigognes forment un ensemble... Sûrement qu’elles se chamaillent, mais au moins elles vivent elles en Paix, comme il est d’usage dans une démocratie". Mais ce roman laisse aussi place à l’espoir car l’amour y garde toujours une place, même discrète. Et le contraste entre la relation naissante entre deux des jeunes protagonistes et l’horreur du passé resurgi n’en est que plus saisissant, émouvant. Avec ce magnifique roman, en réveillant les consciences, Valère Staraselski, qui s’est inspiré de témoignages réels, fait œuvre salutaire à l’heure où, partout, camouflés derrière l’oubli qui s’installe peu à peu, repoussent les tentacules de la bête immonde.

René Gramont