On n’entre pas facilement dans ce court roman. La description des montagnes autrichiennes, toujours en noms allemands et liste de remontées mécaniques, pourrait nous arrêter dès la première page. Mais ensuite on se laisse prendre par ce ton très particulier, toujours un peu distant, qui ne s’embarrasse guère de sentiments. Et pas d’avantage de dialogues.
Une façon de nous plonger dans un film muet, voire un tableau. Et de nous donner tout le temps d’admirer les images d’une nature sacrée, sacralisée. Car l’histoire de la rencontre de deux randonneurs n’est que prétexte à nous ramener à l’essentiel - la vie, la nôtre et celle qui nous entoure - et à dénoncer une société qui glorifie le superflu. Un discours éminemment politique, dont l’aspect abrupt est contrebalancé par la poésie du décor. Le résultat est déroutant, mais captivant. Et éclairant.

A.G.

Sur les toits d’Innsbruck - Valère Staraselski - Le cherche midi - 144 pages - 12,50 €