Valère Staraselski

Sur les toits d’Innsbruck
Lionel Decottignies - Au sommet
L’Humanité Dimanche - 19 mars 2015

Avec son 8ème roman, « Sur les toits d’Innsbruck » Valère Staraselski, au travers de l’histoire d’un jeune couple, met en lumière et en musique les ravages humains et gouvernementaux.

Valère Staraselski s’essaie à la fable environnementale. Avec brio, « Sur les toits d’Innsbruck », son huitième roman, revêt une apparente banalité. Au milieu du Tyrol autrichien, le lecteur assiste à la formation d’un couple. Lui, Louis Chastagnier, expert en bois ; elle Katherine Wolf autrichienne et randonneuse. La qualité des grands livres se jauge à leur nombre d’interprétation et de sens de lecture. Dans ce court roman de cent et quelques pages, plusieurs lectures sont possibles. D’abord, la rencontre amoureuse, finement peinte. Puis, l’éloge quasi mystique de la nature. Contemplatif, Valère Staraselski livre des descriptions au cordeau. Son souci du détail réussi à faire oublier les noms rébarbatifs allemands des villages alentour et plonge le lecteur dans une rêverie blanche. L’écriture se calque au pas des promenades. L’inverse est tout aussi vrai. Tour à tour badine, haletante. Le livre aurait pu s’achever ainsi. Mal serait connaître Staraselski. Sur le point de partir dans les songes, le lecteur est saisi à vif. À la faveur d’un repas et d’une longue discussion, la fable se mue en réquistoire. L’écrivain interroge notre monde capitaliste et pointe ses ravages. Loin du tract ou du pamphlet, Staraselski redore avec élégance la littérature politique.

Lionel Decottignies


Sur les toits d’Innsbruck
de Valère Staraselski aux éditions Le cherche midi - 128 pages - 12euros50