Valère Staraselski

L’écrivain Valère Staraselski, coauteur avec Roland Leroy d’Un Siècle d’Humanité : Interview

Valère Staraselski : Ecrivain français

L’écrivain Valère Staraselski, coauteur avec Roland Leroy d’Un Siècle d’Humanité, au Cherche-Midi éditeur, répond à nos questions.



1 - Vous avez participé, avec Roland Leroy, à des rencontres et des débats autour du centenaire de l’Humanité. Qu’en retirez-vous ?

 Que la bataille pour l’Humanité ne peut pas se passer des communistes ! Que le lien ou le désir à l’égard de l’Humanité est un lien, un désir, avant tout politique. Et le cœur de ce lien, de ce désir, est constitué par les communistes dans leur diversité de pensée et d’action. C’est peu de dire que l’attachement au journal est fort et donc que les exigences vis à vis de l’Humanité le sont aussi. Ainsi, pour certains, les plus nombreux, ils
reconnaissent un vrai contenu, des dossiers bien faits, complets, des révélations essentielles, des éditoriaux précis argumentés. Cependant ils demandent plus de vie, de rapidité, de prises directes avec l’actualité , moins de conformisme notamment dans les pages culturelles, un
journal plus vif, plus éclatant... Pour d’autres, moins nombreux, il y a encore une prise de distance voire de méfiance qui s’exerce, je crois, davantage envers les directions politiques qu’à l’égard du journal lui-même... Mon opinion est qu’il est primordial de continuer à revivifier, à travailler ce lien politique, c’est à dire le sens, dans l’ensemble des rubriques du journal. Du point de vue du lectorat, sans se cacher les difficultés, le potentiel existe.

L’Humanité n’est-il pas le seul journal de gauche déclaré ?

Je pense aux jeunes, aux étudiants, aux couches populaires...

Le journal La Croix, par exemple, quotidien marqué et engagé s’il en est, a réussi grâce aux abonnements à doubler son lectorat en passant de 40.000 à 90.000 exemplaires en quelques années...Chaque jour, un journal dit prouver son utilité.

La démocratie a besoin d’une presse pluraliste.

Et la démocratie s’étiole dangereusement quand il y a disjonction entre politique et sens.

Cette idée ne me semble pas d’un autre âge, elle est absolument moderne.

2 - Vous préfacez "Progrès et décroissance" d’Eric Le Lann, vous avez fait paraître "Garder son âme", recueil de vos articles et interventions, votre roman "Un homme inutile" a paru en poche, votre biographie d’Aragon “Aragon, la liaison délibérée“, votre roman "Monsieur le député" continuent à rencontrer le public....

 Qu’est-ce qu’un écrivain qui ne serait pas de son temps ? La vie est mouvement, il faut l’assumer sous peine de rejoindre la grande troupe des dépressifs en tous genres. La vie est tellement étonnante à qui se donne un peu de mal pour aller la chercher. Je ne nie pas le malheur ou l’horreur mais je dis que cela ne doit pas empêcher le bonheur. Evidemment, avec le libéralisme, pour beaucoup, le pire est à venir. La dignité dans la liberté est la grande affaire des humains.

 Comment ?

 Qu’est-ce que cela veut dire ?

L’art, la fiction en tant que création, invention, recherche, constituent, à mes yeux, une des plus efficaces et des plus nobles moyens de liberté.

3 - Quelle conception avez-vous de la littérature ?

 Celle que j’ai de l’architecture : solide et pérenne. Le contraire du spectaculaire et de l’éphémère. C’est pourquoi, je crois que le premier travail de l’écrivain consiste à connaître en profondeur la, les littératures et ensuite à écrire ce qu’il aurait aimé lire. Outre cela, aujourd’hui où les marchands ont pris la place des prêtres dans les temples, je dois dire que ma conception rejoint peu ou prou aussi celle des philosophes du dix huitième qui considéraient les écrivains vivant de leur plume comme trop prisonniers du commerce, des "barbouilleurs de papier" disait Rousseau pour lecteur-consommateur. Je n’édicte aucune règle mais il est vrai que n’est pas Balzac ni Simenon qui veut !

Pour répondre à votre question, je dirais que ma conception de la littérature consiste à essayer de placer davantage qu’il ne l’est encore, le lecteur du côté de la vie, ce mystère éternel. Du côté du désir de vivre.

4 - Quel livre conseilleriez-vous à quelqu’un qui ne vous a jamais lu ?

Un homme inutile. Pour commencer, bien sûr...

 Propos recueillis par Bernard Giusti
parus dans le journal L’humanité-hebdo Mars 2003