Valère Staraselski

Aragon, des guerres et de leurs effets
Conférence Mercredi 7 octobre 2020 - Espace Niemeyer - Mairie de Paris - Fondation Elsa Triolet-Louis Aragon

Aragon, des guerres et de leurs effets
Conférence Mercredi 7 octobre 2020

Mairie de Paris/ Fondation Elsa Triolet- Aragon
Espace Niemeyer, Paris.

Dans La Semaine sainte (1958), Aragon écrit :
Le désordre ou la guerre, pas d’autre perspective
Seigneur, est-ce qu’ il en sera toujours ainsi ?

La guerre, vécue de si près et si profondément honnie, marque au plus fort toute l’œuvre et toute la vie du poète.

Valère Staraselski, docteur en littérature, propose de suivre ces empreintes.

Dans son roman Aurélien, écrit durant la Seconde guerre mondiale et paru en 1944, Louis Aragon dit de son personnage principal Aurélien Leurtillois, ancien combattant de la Guerre 14-18 : « Il ne s’était jamais tout à fait remis de la guerre. Elle l’avait pris avant qu’il eût vécu. » Affecté-volontaire, en 1918, à l’hôpital du Val de grâce pour recevoir une formation de médecin auxiliaire, l’adjudant-chef Aragon partira au front en juin pour y rester jusqu’à l’armistice du 11 novembre. Il a vingt ans. Son courage - il ira chercher des blessés sous le feu ennemi - lui vaudra une citation à l’ordre de sa division, en date du 15 août 1918 qui dira : "Seul médecin au Bataillon a assuré l’évacuation des blessés, très nombreux dans des conditions difficiles et périlleuses, a fait preuve d’un dévouement et d’une abnégation au-dessus de toute éloge." Il sera, par la suite, décoré de la Croix de guerre avec étoile d’argent. Faisant partie des troupes d’occupation en Sarre et en Rhénanie, il ne sera libéré de ses obligations militaires qu’au mois de juin 1919, soit deux ans après son incorporation. Jeune bourgeois dandy ayant, avec toute une génération, « buté sur le seuil atroce de la guerre », Aragon repartira au front vingt ans plus tard, faisant preuve du même engagement et du même courage. C’est un homme marqué par l’Histoire qui, à la parution de La Semaine sainte, en 1958, déclare : « tous mes romans – sauf Anicet et encore- sont historiques bien qu’ils ne soient pas en costume. » Sa conscience, son œuvre seront, par bien des aspects, sinon de manière originaire, tributaires non seulement de ses expériences guerrières mais des conflits de ce « siècle des extrêmes » dixit Hobsbwam. Dans ces écrits, se fera jour, souvent de manière différée, une obsession fondamentale à l’égard de la guerre. Toujours dans La Semaine sainte :« Le désordre ou la guerre, pas d’autre perspective ! Seigneur, est-ce qu’il en sera toujours ainsi ? »

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