Valère Staraselski

Charles X bientôt de retour dans le 93 ? - Eugénie Bastié
Le Figaro - 25 septembre 2016

Une association milite pour le rapatriement à la basilique de Saint-Denis, depuis la Slovénie, des cendres du roi de France et des derniers Bourbons.

À la mairie de Saint-Denis, ce samedi 24 septembre, à quelques mètres de la nécropole des rois de France, alors que résonnent sur le parvis les youyous d’un mariage africain, l’association « Pour le retour à Saint-Denis de Charles X et des derniers Bourbons » donne une conférence de presse pour lancer officiellement l’initiative d’un « transfert des dépouilles de Charles X, du duc et de la duchesse d’Angoulême » vers le sanctuaire de la monarchie française.

Le 16 novembre 1836, Charles X, en exil depuis la révolution de 1830, expire à Görz, ville de l’Empire autrichien, loin de la terre de ses pères. Le vieux roi, chassé du pouvoir car trop « réactionnaire », fut pourtant le dernier « roi de France » (Louis-Philippe sera « roi des Français ») sacré à Reims. Il sera inhumé avec son fils le duc d’Angoulême, sa femme la duchesse et la fille de Louis XVI, Marie, dans le couvent de Kostanjevica, dans l’actuelle Slovénie, devenu pour les royalistes un « petit Saint-Denis ».

Entreprise « apolitique »

En 1986, en plein millénaire capétien, François Mitterrand avait exprimé officiellement son souhait de rapatrier la dépouille de Charles X. Las ! La mort brutale d’Alphonse de Bourbon et l’approche du bicentenaire de la Révolution firent passer le projet à la trappe. Si le projet de l’association aboutit, il s’inscrirait dans la lignée de précédents : le retour de Napoléon aux Invalides, celui descendres de l’Aiglon dans les années 1940 ou du cœur de Louis XVII à Saint-Denis, en 2004.

Les organisateurs ont pris contact avec les descendants de Charles X, nombreux à soutenir le projet. Ils sont aussi en relation avec le député socialiste Jean-Marie Cambacérès, proche de François Hollande. L’association contactera prochainement l’ambassade de Slovénie et les moines franciscains de Kostanjevica, pour entamer les premières démarches.

Il est à craindre que la Slovénie, petit pays aux ressources touristiques limitées, ne se sépare pas aussi facilement de ces prestigieux restes. Il lui restera cependant le comte et la comtesse de Chambord qui, eux, avaient clairement formulé le souhait de ne pas être enterrés sur un sol où flottait désormais le drapeau tricolore. Pour les fondateurs de l’association, Philippe Delorme, Nicolas Doyen et Julien Morvan, cette entreprise « apolitique » serait un moyen de répondre au « besoin vital des Français de renouer avec leur passé ».Valère Staraselski, écrivain passionné d’histoire et militant du PC, soutien de la cause, résume quant à lui : « Un peuple sans mémoire est un peuple sans défense. On n’est pas de la même chapelle, mais nous sommes d’un même pays. »