Valère Staraselski

"De la colère à l’action" article de Valère Staraselski
pour l’Humanité et la revue en ligne Vendémiaire- 2002

Valère Staraselski
pour l’Humanité du 5 mai 2002 sous le titre "Notre 11 septembre" et la revue en ligne Vendémiaire N°3
Le 02 mai 2002

Evidemment, la présence du candidat de l’extrême droite au second tour de la présidentielle c’est un peu notre 11 septembre à nous.

Aussi resurgissent, au grand jour, des évidences un peu oubliées : depuis des années l’extrême droite travaille afin d’inverser le rapport des forces issu de la Seconde Guerre mondiale, de "L’infiltration culturelle" prônée par Alain de Benoist, fondateur du Groupement de Recherche et d’Etudes pour la civilisation européenne à l’action idéologique méthodique contre ce qu’il appelle "l’idéologie égalitaire".

Alain de Benoist donc, dans les Idées à l’endroit (1979) : "La crise latente des structures politiques, économiques et sociales, se double d’un ébranlement profond de toutes les certitudes acquises. Le doute, alimenté par des remises en cause de plus en plus systématiques, ronge les croyances les plus élémentaires. L’accord ne se fait plus sur rien".

Sur le plan de l’activité politique ensuite.

Bruno Mégret, alors dirigeant du FN, au Monde en 1996 : "Nous sommes dans une situation pré-révolutionnaire" car il existe "une rupture entre le peuple et ses élites institutionnelles et tout particulièrement avec la classe politique. Et il continue : "Pour qu’un grand bouleversement intervienne" manque "l’existence d’une force alternative.... Le grand défi du FN est d’incarner la solution alternative". (1)

Evidemment, dans un monde où les rois de l’argent sont à l’initiative devant des progressistes empêtrés dans leur conformisme de pensée et d’action, certains retrouvent ou découvrent avec l’extrême droite, la foi des croyants. Une foi bien loin des Evangiles en fait...

Qui a dit que face à cela, nous étions démunis ?

Bien sûr, il faudra se parler vraiment, démocratiquement, sans concession mais avec le constant souci de rassembler et non de se déchirer. Bien sûr, le chemin de l’engagement devra être de nouveau emprunté.

Les jeunes qui manifestent ne nous montrent-ils pas la voie ?

Mais pour cela faut-il encore que le FN ne dispose pas d’une assise populaire propre à lui permettre de rebondir au soir du 5 mai et de se structurer davantage au matin du 6.

Je constate que la colère est grande, de tous côtés, et je repense à Aragon :

"Pourquoi toujours imaginer le pire ? Parce que c’est ressemblant".

Aucun mouvement social, jamais, n’est venu à bout du fascisme. Utiliser dimanche prochain le bulletin Chirac contre Le Pen sera un acte politique de combat. Notre capacité d’intervention est à ce prix.

 (1) Ces citations sont extraites de Il faut savoir désobéir. L’Harmattan. 2000.