Valère Staraselski

L’écrivain Valère Staraselski et le journaliste Gérard Le Puill
sont les invités du Café repaire de Vierzon
Vincent Michel - Le Berry républicain - 05 janvier 2016

L’écrivain Valère Staraselski et le journaliste Gérard Le Puill sont les invités du Café repaire de Vierzon.

Valère Staraselski est membre du conseil scientifique de la Fondation Gabriel Péri, fondée par le Parti communiste, déclarée d’utilité publique en 2004 et qui se propose d’« éclairer le passé » et de « défricher l’avenir ».

Le premier Café repaire de l’année invite ses participants à réfléchir autour de l’écologie et de la récente Cop 21, ce soir, à l’auberge de jeunesse.

interview


Résidant régulièrement à Genouilly, Valère Staraselski viendra au Café repaire de ce soir en voisin. Journaliste et écrivain, docteur ès lettres, il est l’auteur de vingt ouvrages. Parmi eux, deux essais consacrés à Louis Aragon, dont il est un spécialiste reconnu. L’auteur s’intéresse aussi aux questions environnementales : son dernier roman, Sur les toits d’Innsbruck, publié en 2015, est un plaidoyer pour l’avenir de la planète.

La Cop 21 s’est achevée il y a trois semaines. Les accords conclus lors de ce sommet mondial sur le climat vont-ils réellement changer quelque chose ?

Je vois plutôt la bouteille à moitié pleine qu’à moitié vide. Il y a une prise de conscience chez les politiques, un cap est fixé, et c’est quand même le premier accord universel contre le réchauffement. Cent quatre-vingt-quinze pays, on ne peut pas passer ça sous silence. Il y a vingt ans, quand on parlait de troubles climatiques, on était minoritaire. Aujourd’hui, c’est un fait acquis.


Cependant, tout reste à faire, c’est d’ailleurs le thème de votre intervention au Café repaire. Oui, le plus dur reste à accomplir. Il faut un mouvement qui impose aux États d’autres méthodes.

On vit aujourd’hui dans ce que j’appellerais le capitalisme généralisé, basé sur une société de consommation. Aprèsl’armement, le deuxième poste de dépense le plus important au monde, c’est la publicité. Et il y a une contradiction fondamentale : on doit aller dans une société de sobriété énergétique, alors qu’on est dans un espace mental qui pousse à la consommation. Il faut absolument dépasser cela.

Cela demande donc, avant tout, un changement des mentalités.

C’est dans les têtes que ça se passe, oui. Cela commence un peu. Mais, cela dit, selon un sondage réalisé par l’institut BVA, en mars 2015, les questions environnementales préoccupent seulement 13 % des gens, quand 60 % le sont par le chômage, et 42 % par la sécurité. Il y a encore du chemin à faire. Les pays touchés, eux, en ont bien conscience. Nous, nous sommes relativement épargnés : il pleut à Noël au lieu de neiger. Tant que la tuile n’est pas tombée sur la tête, c’est comme ça !


De fait, l’être humain ne s’est-il pas trop coupé de la nature ?

Bien sûr ! L’humilité face à la nature n’est pas le propre de l’homme, aujourd’hui. Encore une fois, des choses commencent à bouger. Seulement, quand on veut le faire, c’est compliqué. Aujourd’hui, le problème, c’est d’abord l’énergie fossile. Il faut absolument inventer des solutions.


Inventer de nouveaux comportements ?

Le problème n’est pas que politique et économique, il est idéologique et anthropologique. Si l’on veut lutter contre l’angoisse par la consommation, il faut évidemment trouver autre chose. On est sorti dusacré et de la religion par l’économie, en pensant qu’elle allait créer un équilibre par les intérêts des uns et des autres. Mais il y a des inconvénients.Adam Smith (philosophe du XVIII e siècle, théoricien du capitalisme, NDLR) le disait : le niveau d’instruction va baisser. Et on y est !

Face à ce constat, quelles perspectives ?

Il y aura du sang et des larmes. Mais je reste optimiste. Comment changer les choses : en faisant de la politique. Il faut que les populations s’emparent des grands enjeux de la vie sur Terre, car elle en danger. Et que, par le biais du politique, on arrive à imposer d’autres choix. Le politique, au sens premier du terme, celui d’organisation de la vie dans la cité.


En tant qu’écrivain, que pensez-vous du rôle de la culture dans un tel tournant ?

Il est énorme ! Pour moi, l’art doit célébrer la vie.La littérature peut s’emparer des sujets environnementaux. Dans mon dernier roman, par exemple, j’ai voulu célébrer l’amour de la nature et, en contrepoint, je mets en noir ce qui ne va pas. C’est d’ailleurs quelque chose qui me préoccupait dès mes premiers ouvrages. Je ne suis pas un puriste, un ayatollah vert. Mais je crois simplement qu’il faut retrouver un équilibre.

Café repaire, ce soir, à 19 heures, à l’auberge de jeunesse. Entrée gratuite. La conférence-débat est suivie d’un buffet participatif.

Vincent Michel
vincent.michel@centrefrance.com