Ah, je sais que c’est prendre les choses par un côté bien personnel. Personnel ne signifiant évidemment pas égotiste. Mais est-il vraiment possible de faire autrement ?
Je ne me souviens absolument pas de la première fois que je l’ai vu. Brice Beauprêtre. Cet homme qui est devenu Brice Beaulieu, en 2011, dans Un homme inutile. Il est des êtres qui vous marquent à jamais. Brice est, pour moi, de ceux-là. Je me souviens parfaitement de son regard, de sa voix, de son rire, de sa gentillesse ou plutôt de sa bonté. De sa simplicité confondante. De sa présence. Je m’en souviens si bien qu’il est encore question de lui, alors qu’il est mort, dans Les Passagers de la cathédrale…
Bien sûr, je l’ai fait entrer de son vivant, Brice, dans ce roman paru de 2011 dédié à Jean-Michel Platier grâce à qui je l’ai rencontré. Il est évident que le choix de faire d’une personne le « pilotis » d’un personnage de roman ne doit rien au hasard. Ou alors au hasard objectif !
Il m’est toujours plus facile de faire vivre un personnage à partir d’une connaissance. D’autant plus lorsqu’il s’agit d’une personne à la fois simple et exceptionnelle. D’un être aimable, on se comprend, quelqu’un qu’on peut aimer. Et davantage encore, d’une personne qu’on aurait bien voulu être. Le genre de type à la fois classe et abordable. Presque modélique, Brice Beauprêtre !
Je me souviens de mon agressivité toute intérieure lorsqu’une lectrice ou un lecteur, là j’ai oublié, avait fait remarquer à propos de Brice Beaulieu, le personnage de roman, sur un réseau social, que de tels prénoms et patronymes n’existaient plus dans la réalité et qu’il était ridicule de les coller à des personnages de roman.
Toujours, « cette assurance triomphale d’avoir raison » dont parlait si bien Aragon. Cette manière, très petite bourgeoise, de ne vouloir voir et rendre compte que d’une partie de la réalité. Non, non et non, madame la lectrice, monsieur le lecteur, Brice Beaulieu vient de Brice Beauprêtre et il existait bel et bien. Il a bel et bien existé.
Et son nom flotte toujours pour moi comme un drapeau de vie !