Valère Staraselski

Un homme inutile

C’est samedi matin et il pleut. Il a plu toute la semaine. De nuit comme de jour. De jour comme de nuit. Une pluie froide de printemps à laquelle nul ne peut échapper. Une pluie dont le bruit pourrait, à force, ressembler à celui de l’écoulement régulier d’une rivière dont les remous soudain absorbés en des parties plus froides, plus profondes, font de brusques clapotis. Du fond de son lit, Brice réagissait à la pluie de la même façon qu’il aurait réagi à un être. La même rumeur de gazouillis au matin que durant la nuit, songea-t-il. Une sorte de murmure, parfois strié par le passage des véhicules sur l’asphalte détrempé. Et puis, lorsque cesse le chuintement de la pluie, se détache peu à peu le bruit du goutte-à-goutte des gouttières.


Détails du livre :

Publié aux éditions La passe du vent :

  • ISBN : 2845620411
  • Date de parution : 04/2003
  • Dimensions : 110 x 170 mm
  • Nombre de pages : 200

Réédité aux éditions du cherche midi :

  • ISBN : 9782749120898
  • Date de parution : 18/08/2011
  • Dimensions : 220 x 140 mm
  • Nombre de pages : 204

Quelques critiques

Le jaillissement de l’amitié est de l’amour ne fait que rehausser le tragique de ce récit aux thèmes céliniens, sans complaisance face aux réalités sociales de notre fin de siècle.Didier Jacob-Le Nouvel Observateur
Un homme inutile est un roman noir social d’une rare efficacité. Valère Staraselski n’assène pas de grandes phrases définitives et il évite l’écueil des indignations enrobées de bonne conscience. Sa colère et son refus de la société cannibale sont servis par un style parfaitement tenu. Les faits sont livrés dans leur obscène vérité et chaque détail sonne juste.Pierre Drachline - L’Humanité
Un homme inutile appartient à la tradition du roman réaliste et social, dont les grands ancêtres sont Zola et bien sûr Vallès. Plus près de nous, on songe à Henri Calet, à Emmanuel Bove, aux minutieux observateurs d’un quotidien sans prestige ni séduction. La minutie du regard, cette fausse neutralité, ce détachement simulé et ce désenchantement que le réalisme rend parfois comme halluciné. Ce qui est beau et réussi dans Un homme inutile, c’est la manière dont l’écrivain fait se croiser des personnages à l’intérieur d’un espace urbain où ils sont comme perdus.Patrick Kechichian - Le Monde