Écrivain talentueux, engagé, exigeant, à la croisée des mondes et des cultures, habitué des chemins de traverse et des écoles buissonnières, Valère Staraselski est un romancier, avant tout un penseur, à la fois éveilleur politique et philosophe du quotidien, c’est-à-dire qu’il vit en philosophe, qu’il vit en incarnant ce qu’il enseigne et transmet. Un homme rare par conséquent dans un monde où l’artifice est célébré à chaque instant.
Valère Staraselski, c’est une œuvre considérable. Des romans dont Un homme inutile, Une histoire française, Nuit d’hiver, l’Adieu aux rois, Sur les toits d’Innsbruck, des romans historiques, des romans intimistes, qui interrogent nos sociétés et portent des sens profonds. Des essais, notamment ceux consacrés à Aragon dont il est l’un des tout meilleurs spécialistes, et des livres qui témoignent, comme Un siècle d’Humanité 1904-2004 ou Un siècle de Vie ouvrière.
Des nouvelles aussi et de très nombreux textes publiés dans des ouvrages collectifs. Une constante : la liberté, https://fr.wikipedia.org/wiki/Fraternit%C3%A9, l’humanisme, la profondeur de l’être incessamment rappelée, restaurée, y compris à partir de la matière lourde et sordide qu’est le pire de l’être humain. Parfois dans un cri, parfois dans un murmure, parfois dans un chant d’amour. Vincent Ferrier décline ici les thèmes qui structurent l’architecture de cette œuvre. Ils sont aussi les traces du cheminement d’un homme : la nation, l’altruisme, le Christianisme, le communisme, le militantisme, la littérature, la femme... Viennent ensuite ses analyses des différents ouvrages et une sélection de chroniques diverses concernant ses ouvrages, des regards différents et complémentaires portés sur les aspects forts d’une même œuvre.
À propos de son engagement communiste : « Néanmoins, pas question pour moi de me dédire, mais je dois avouer que tenir (...) un engagement au service du bien commun qu’on peut nommer, je le répète, du communisme est devenu une entreprise qui, depuis quelque temps, tient de l’héroïsme. Pour Mahmoud Darwich : “Les héros, tel est le sort, sont toujours acculés à des batailles inégales face à l’ennemi.” (...) Dans des conditions politiques, historiques (...) du capitalisme généralisé, ce qui me frappe le plus, c’est la progression fulgurante dans de larges couches de la population, non pas de l’immoralité seulement mais de l’amoralité. » À propos de la femme : « Et lorsqu’une personne aimée ou qu’on a aimée, qui est sa propre mère, voit sa vie saccagée par une maladie mentale incurable, ou bien un être avec qui on a vécu et on s’est construit subit en pleine force de l’âge une descente aux enfers et meurt d’un cancer, c’est-à-dire d’une mort terrible, injuste et scandaleuse, alors s’applique à l’infini ce que profère l’écrivain tchèque Bohumil Hrabal : “L’amour est la loi la plus haute et cet amour est compassion.” »
Cheminer avec Valère Staraselki, c’est se rapprocher de soi-même, se découvrir dans le regard lucide de l’écrivain et du lutteur, découvrir notre être intrinsèque au sein même de la complexité et des contradictions de l’humain.
Entretien avec Valère Staraselski Vincent Ferrier, éditions L’Ours blanc, Collection « Portraits », 132 pages, 12 euros