Pour ceux qui ne le connaissent pas, ou mal, cet entretien révèle un écrivain des plus intéressants, porteur de plus de trente livres qui ressortent « d’une tension entre mon existence et celle des autres parce que le réel, c’est d’abord les autres » accordée à un ensemble de penchants bienveillants.
"Rejeton spirituel d’Aragon", "infatigable arpenteur de Paris", ce qui le rapproche d’Henri Calet, Valère Staraselski cite cette phrase de Stefan Zweig qui va dans le sens de son travail : "l’enthousiasme d’abord, ensuite l’application laborieuse".
On ne peut pas en dire autant de ces écrivains appliqués, capables de bien écrire, bien sûr, sans qu’on décèle chez eux un mouvement très rapide d’oscillation. Notre écrivain se situe à un autre niveau. Il suffit de lire Une histoire française pour s’en convaincre. Sa passion d’écrire supplée à toute autre considération dite littéraire. Il y a bien longtemps Jiddu Krishnamurti (1895-1986), dans un livre intitulé La première et la dernière liberté, préfacé par Aldous Huxley, recommandait de suivre son propre chemin, refusant toute forme d’autorité, parce que "la vérité est un pays sans chemins". Cette liberté, on la retrouve également dans les réponses de Staraselski au Questionnaire de Marcel Proust où Maïakovski voisine avec Jaccotet, Tess d’Uberville avec Heathcliff, le héros du roman d’Emily Brontë, Les hauts de Hurlevent. Nous le savons, la liberté se paie : "servir plutôt que de faire carrière", déclare Staraselski. Cette paix gagnée permet de construire une œuvre qui ne doit rien à personne.
Éditions de l’Ours Blanc, 131 p. 12 €