Valère Staraselski

L’Adieu aux rois, Paris janvier 1794
le blog de Bernard Giusti
8 octobre 2013

Publié après Une Histoire Française, l’Adieu aux rois n’en est pourtant pas, à proprement parler, « la suite » tant les deux romans sont différents, aussi bien dans la construction que dans l’objet. Si bien sûr l’Histoire les relie (Une Histoire Française se termine deux mois avant juillet 1789, l’Adieu aux Rois porte sur 1793 et début 1794), Valère Staraselski ne vise pas le même but.

Ainsi dans Une Histoire Française l’auteur dresse-t-il un saisissant portrait, très documenté, de la société de l’Ancien Régime à la veille de la Révolution, un portrait historique, sociologique, philosophique et politique. Les germes de laRévolution sont bien présents et en fermentation, mais le peuple reste dans sa grande majorité attaché à la royauté.

Dans l’Adieu aux Rois, la Révolution a eu lieu et elle s’installe avec tous les soubresauts que l’on sait. 1793 sera l’année où la Nation rompt définitivement avec la royauté. Louis XVI a été décapité le 21 janvier 1793, Marie-Antoinette le sera le 16 octobre 1793. La Révolution avait supprimé les représentants de la royauté, il lui restait à opérer la rupture symbolique pour s’en affranchir définitivement. La décision de détruire les tombeaux royaux et de regrouper les dépouilles des rois dans deux fosses communes sera exécutée en août et en octobre 1793. Des actes qui horrifieront et marqueront les esprits bien-pensants de l’époque, et d’aujourd’hui encore, mais qui furent nécessaires au regard de l’Histoire.

Tout le roman se déroule à travers les conversations de trois personnages, déjà présents dans Une Histoire Française, avec l’organiste de la basilique de St Denis, qui a assisté aux évènements. Avec son talent habituel, Valère Staraselski met en parallèle les prises de position de Maximilien Robespierre et les profanations de St Denis. Dans cette période tourmentée de la Révolution, Robespierre garde avec courage et lucidité un cap intangible : assurer et enraciner une fois pour toutes la République, laquelle est assiégée par ses ennemis, dont une grande partie de la noblesse réactionnaire qui s’est alliée avec les pays étrangers contre la Nation.

Certains verront sans doute dans l’Adieu aux Rois une « réhabilitation » de Robespierre, puisqu’il semble que pour un grand nombre de nos contemporains, aveuglés par la propagande de la bourgeoisie, le rôle de Robespierre dans la Révolution se réduit à être l’un des artisans de la Terreur. En réalité, Valère Staraselski a simplement rendu à la politique menée par Robespierre la dimension historique à laquelle elle a droit. En conséquence, le roman apparaît avant tout comme une défense de l’idée républicaine, de la République et de la Nation. Défense dont on a grand besoin à notre époque où la propagande de la bourgeoisie au pouvoir multiplie les assauts contre la Nation, allant jusqu’à des tentatives de réhabilitation de tous les ennemis de la République. Ce fut le cas récemment avec Sarkozy voulant réhabiliter Louis Renault, collaborateur des nazis. C’est le cas avec les films, les articles et les livres qui se multiplient ces derniers temps pour tenter de nous faire accroire que Marie-Antoinette, Louis XVI et toute la clique de l’Ancien Régime étaient après tout de braves gens. En réalité, ils étaient avant tout les représentants et les bénéficiaires d’un système détestable.

Bernard Giusti

Valère Staraselski, Une Histoire Française, publié aux éditions du cherche midi, août 2006

Valère Staraselski, L’Adieu aux rois, publié aux éditions du cherche midi, août 2013