Valère Staraselski

L’Adieu aux rois, Paris janvier 1794
Magazine "Regards" - Roger Martelli
24 septembre 2013

Un avocat robespierriste et ses deux amis d’un côté, un organiste royaliste de Saint-Denis de l’autre... Tels sont les acteurs d’un huis-clos à Paris, en janvier 1794. Quelques mois auparavant, la Convention nationale a décidé que l’enracinement de la jeune République nécessitait d’effacer les symboles de la vieille monarchie.

Or quoi de plus symbolique que les dépouilles des anciens rois ? Un décret demande donc l’exhumation des cadavres royaux conservés dans la basilique de Saint-Denis, leur transfert dans une fosse commune et la fonte des cercueils de métal, au service de la défense nationale. La trame du livre est le récit, par l’organiste effaré, de la cérémonie macabre, entre saturnales et mercantilisme.

Le sujet est original, pour rendre compte de la complexité d’une époque héroïque. Le propos assumé de l’auteur est 100 % robespierriste. Comme l’Incorruptible en son temps, Valère Staraselski fustige aussi vertement Danton qu’Hébert, les « indulgents » que les « Exagérés ». Il n’aime ni les « modérés », ni les « gauchistes ». Un discours de juste milieu, en quelque sorte, mais au cœur d’une Révolution balbutiante, qui se défend becs et ongles contre les coalitions qui l’assaillent.

Les textes de Robespierre, largement reproduits en contre-point du récit, sont de fait superbes. L’historien serait plus nuancé que l’érudit romancier ? Peut-être, mais la parole serait moins forte, au demeurant servie ici par une belle langue qui nous replonge heureusement dans l’élégance du siècle des Lumières.

Deuxième livre consacré à la grande césure de l’histoire française, celui-là nous fait espérer une suite...


L’Adieu aux rois Paris, janvier 1794
paru fin août 2013 publié aux éditions du cherche midi 16 euros