Valère Staraselski

L’Adieu aux rois, Paris janvier 1794
Marie-Catherine d’Hausen - Famille Chrétienne
5 octobre 2013

Écrivain français, Valère Staraselski (Un homme inutile,
Monsieur le député, Une histoire française, Le Maître du jardin...
) se revendique communiste et athée, mais sa passion du destin de la France l’a conduit à un thème « coup de poing » pour son nouveau roman : « L’incroyable
extraction des corps royaux de la nécropole royale de la basilique Saint-Denis
 », en 1793, sous la Terreur. Sous prétexte de récupérer les métaux des mausolées et cercueils pour forger des armes afin de défendre la France assiégée... En fait, pour annihiler monarchie et catholicisme.

Janvier 1794. L’avocat Doudeauville doit envoyer à un ami, en Amérique, un petit mémoire sur la situation de la France. Il a convaincu Gautier (personnage historique), organiste de la basilique, de raconter ces exhumations, comme témoin oculaire (selon le romancier), en petit comité : juste son secrétaire particulier, le jeune Coursault qui prendra le récit (appuyé sur les archives nationales) sous la dictée, son ami Maisonseule, et lui. Tout trois d’anciens royalistes acquis à la Révolution.

Les profanations ont eu lieu en deux temps.

En août 1793, pour les monuments funéraires, démontés ou détruits. En octobre 1793, pour les corps. Plus de cent soixante-dix rois, reines, princes et princesses, grands personnages et abbés de Saint-Denis sont sortis de leurs cercueils.
Turenne est très bien conservé, comme Henri IV, exposé deux jours debout. Louis XIV,majestueux, a la face « noire comme de l’encre »... Le spectacle est horrible, l’odeur, insupportable. Les corps sont jetés pêle-mêle, recouverts de chaux vive, dans deux fosses communes, dites « des Valois » et « des Bourbons ». On ose même exhumer du carmel de Saint-Denis Madame Louise de France, fille de Louis XV devenue Sœur Thérèse de Saint-Augustin, ensevelie dans ses habits religieux, pour la jeter dans la fosse commune.

Toute la force du roman réside dans le face-à-face entre les trois amis, partisans admiratifs de Robespierre, l’Incorruptible, et Gautier, royaliste et fervent catholique. Qui conte le sauvage et sacrilège anéantissement de douze siècles d’Histoire, d’une voix qui contient mal son émotion et son indignation, laissant sans voix ses interlocuteurs... et les lecteurs.

Marie-Catherine d’Hausen