Valère Staraselski

L’Adieu aux rois, Paris janvier 1794
"Un passé dont on fait table rase"
Cécile Chouard - Le Berry Républicain - 24 août 2013

« La nation ne commence pas avec la Révolution française. » Avec son 7e roman, l’Adieu aux Rois, l’écrivain et essayiste Valère Staraselski évoque, une nouvelle fois, le destin de la France à travers son histoire politique.

Valère Staraselski invite, dans l’Adieu aux Rois, à prendre du recul sur un événement peu connu de l’après-Révolution : la destruction des tombes royales de la basilique Saint-Denis.

« La nation ne commence pas avec la Révolution française. » Avec son 7e roman, l’Adieu aux Rois, l’écrivain et essayiste Valère Staraselski évoque, une nouvelle fois, le destin de la France à travers son histoire politique.

Il revient sur l’année 1793 qui a vu la destruction des mausolées royaux de la basilique Saint-Denis, orchestrée par le comité de salut public, et les corps des rois et reines de France, des princes et princesses, des religieux et grands de l’État jetés dans des fosses communes et les
cercueils de plomb fondus. Une manière de faire table rase du passé dans une République en construction.

Ce roman fait suite à Une histoire française, publié en 2006 (Éditions cherche midi), qui évoque la France vingt-cinq ans avant la Révolution et dans lequel on trouve l’homme de lettres Georges de Coursault et l’avocat Marc-Antoine Doudeauville, deux personnages dont on suivra
l’évolution dans l’Adieu aux rois.

« On me demandait une suite, se souvient Valère Staraselski. À ce moment-là, on parlait beaucoup du livre Métronome de Lorant Deutsch, un parti pris royaliste de l’Histoire de France. Il y évoque l’exhumation des corps des rois enterrés à Saint-Denis. J’ai voulu en savoir
plus et raconter comment ça c’était passé. »

L’auteur se plonge dans les archives et découvre l’existence de Ferdinand Gautier, organiste en l’église Saint-Denis, catholique et royaliste, témoin des faits. « J’avais trouvé le sujet. Mais il était encore un peu
abrupt. Puis, la date, 1793, m’a fait réfléchir : c’était le fondement de la République. Je tenais enfin mon
livre. »

Au fil des pages, d’une écriture limpide et précise « classique », assure Valère Staraselski l’auteur entraîne son lecteur à travers un pan de l’Histoire de France méconnu, raconté par Ferdinand Gautier à l’avocat robespierriste Marc-Antoine Doudeauville, en présence d’André de Maisonseule et de Georges de Coursault, qui retranscrivait les propos de l’organiste. « Les trois
hommes ne s’étaient guère quittés depuis ce fameux hiver 1789, traversant à peu près ensemble les événements extraordinaires que vivait leur pays », écrit Valère
Staraselski.

Au-delà de l’énumération des noms des corps exhumés fastidieuse, éprouvante, « dans une odeur insupportable », qui laisse comme un goût d’inhumanité malgré tout au-delà des pillages de ces tombeaux bijoux, dents, cheveux on assiste à la fin d’un cycle, à la fin d’une époque et à la chute d’un homme,Robespierre. Qui a été jeté dans une
fosse commune et recouvert de chaux vive. Comme l’avaient été les corps des rois et reines de France.

Pour Valère Staraselski, « la nation, ce n’est pas quelque chose de fini, de fermé. Et je n’ai pas envie que mon
pays soit fini ! Il a besoin d’une évolution en profondeur.
Capitalisme et démocratie ne font pas bon ménage Il faut aussi combattre l’intolérance et le sectarisme. Et pour cela, la culture est indispensable. »

Pour l’enfant issu des classes populaires, la découverte de la lecture a été une révélation. « J’ai trouvé la vraie vie, j’ai lu des sentiments que j’éprouvais, j’ai compris que ça pouvait me rendre meilleur. » Il commence à écrire à
vingt-huit ans.
« Écrire, c’est continuer à lire. Écrire, c’est être dans la sensation, c’est célébrer la vie. »

Docteur ès lettres, auteur d’une thèse sur Aragon, Valère Starasleski vit et défend ses idées. « Je suis un homme engagé à gauche et un militant de la culture. » Une culture
qui permet de lutter contre l’oubli.
è Pratique.

Article de Céline Chouard

L’Adieu aux rois, Paris,
janvier 1794,
Le cherche midi,16euros.