Valère Staraselski

L’Adieu aux rois, Paris janvier 1794
"Valère Staraselski exhume"
Benoît Lagarrigue - Le journal de Saint-Denis - 31 août 2013

« Robespierre n’est pour rien dans ce qui s’est passé à Saint-Denis, affirme Valère Staraselski. C’était un défricheur qui inventait au fur et à mesure qu’il avançait. » De fait, la relation de Gautier et la lecture par Doudeauville de passages de discours de Robespierre devant le Comité de salut public témoignent du bouillonnement de l’époque, « une époque de grande création politique » ajoute-t-il.

Valère Staraselski exhume Octobre 1793

Photo Yann MAMBERT (c)

L’écrivain, enseignant à Paris 8, s’attache à cet épisode de l’histoire de France et de la basilique dionysienne où les dépouilles des rois et reines ont été exhumées de leur nécropole.

L’écrivain Valère Staraselski consacre son septième roman, L’Adieu aux Rois, à un épisode de la Révolution française qui a fait couler beaucoup d’encre : l’exhumation, en octobre 1793, des cadavres des rois et reines de France de leur nécropole de la basilique de Saint-Denis. Symbole d’inhumanité pour les uns, de la naissance d’un nouveau monde pour d’autres, ces journées sont en fait mal connues.

« J’aime bien chercher pour comprendre », sourit Valère Staraselski. Il a donc cherché et trouvé, parmi les rares documents sur ces événements, le journal d’un certain Ferdinand Gautier, titulaire des orgues de l’abbatiale Saint-Denis. « Il y raconte ce qu’il a vu et c’est à partir de ce journal que j’ai reconstitué ce qui s’est passé. » Mais l’auteur est ici romancier. Il imagine alors trois personnages (qui figuraient dans l’un de ses précédents romans, Une histoire française), Marc Antoine Doudeauville, André Maisonseule et Georges de Coursault écrivant à l’un de leurs amis parti en Amérique, Sébastien Bréhal, pour lui raconter les événements en cours en France. Ils invitent donc Gautier à raconter ce qu’il a vu à Saint-Denis.

L’action se déroule chez Doudeauville, à Paris, aux premiers jours de 1794 alors que Robespierre, six mois avant qu’il bascule dans la Terreur et qu’il soit guillotiné, affirme sa haute vision politique. Et c’est là la belle trouvaille de l’auteur : alors qu’un monde est abattu, un autre émerge, dont on ne sait pas encore bien ce qu’il adviendra.

« Robespierre n’est pour rien dans ce qui s’est passé à Saint-Denis, affirme Valère Staraselski. C’était un défricheur qui inventait au fur et à mesure qu’il avançait. » De fait, la relation de Gautier et la lecture par Doudeauville de passages de discours de Robespierre devant le Comité de salut public témoignent du bouillonnement de l’époque, « une époque de grande création politique » ajoute-t-il.

Le style de Valère Staraselski, précis et alerte, reconstitue avec une minutie d’orfèvre jamais pesante ces années qui sont de fait le fondement de la France d’aujourd’hui. Ancien étudiant et enseignant à Paris 8, il voue une tendresse particulière à Saint-Denis et avoue avoir voulu écrire sur ces journées, « d’abord pour les Dionysiens », lance-t-il.

Benoît Lagarrigue

L’Adieu aux rois, de Valère Staraselski, publié aux du éditions du cherche midi, 240 pages, 16 €.