Valère Staraselski

La fête de l’Humanité, 80 ans de solidarité
Direct matin plus du 10 septembre 2010

La Fête de l’Humanité fête ses 80 ans

LA « PARTY » POLITIQUE

Depuis 1930, la Fête de l’Humanité est l’un des événements phares de la rentrée. Mais le PCF n’en tire plus le même profit.

Si la Fête de l’Humanité reflétait l’audience du Parti communiste français (PCF), on pourrait penser qu’il se porte à merveille. L’an dernier, 600 000 personnes ont foulé la pelouse du parc de la Courneuve (Seine-Saint-Denis). Pour les 80 ans de ce rendez-vous populaire (75ème édition) qui commence ce soir et dure jusqu’à dimanche, le journal communiste attend autant de monde. Seulement, la programmation musicale (voir ci-dessous) attire davantage que les ateliers politiques. « Si la plupart des spectateurs sont assez proches du parti, ils n’en sont plus membres. Le PCF serait bien content d’en avoir autant », sourit le politologue Roland Cayrol.


L’esprit n’a pas changé

Le phénomène n’est pourtant pas récent. « La Fête a toujours été un moyen pour le PCF de montrer que son influence allait au-delà du parti. Seulement le décalage (...) est aujourd’hui immense », insiste-t-il. « Dès les années 1960, les communistes sont devenus minoritaires chez les spectateurs », explique Valère Staraselski, auteur de La Fête de l’Humanité, 80 ans de solidarité (éd. Le cherche midi). Quant à la présence d’artistes, elle était prévue dès la création de l’événement dès 1930. La venue des Pink Floyd en 1970 reste un de ses plus beaux moments.


La politique bien présente

Mais la politique n’a jamais été en retrait. En 1991, à la chute du communisme en Union soviétique, le discours de Georges Marchais, secrétaire général du PCF, est par exemple resté dans les mémoires. Alors que la foule impatiente attendait le concert de Johnny Hallyday, l’homme politique avait alors pris trente minutes pour haranguer la foule. Cette année encore, 200 débats seront organisés. Les regards seront aussi tournés vers 2012 et vers Jean-Luc Mélenchon, candidat officieux à la présidentielle. « En dépendant d’événements comme la Fête de l’Humanité ou d’alliance avec le Parti de gauche, le Parti communiste prend le risque d’être supplanté par ses partenaires », pointe Roland Cayrol.

ILS SE SOUVIENNENT...

Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF de 2001 à 2010 : « Je vais à la Fête depuis 1969 et je me souviens autant des concerts de Léo Ferré que du discours de Georges Marchais après la chute du mur de Berlin. Et puis, il y a les éditions où je devais prononcer un discours sur la Grande Scène. J’ai vraiment appris ce qu’était le trac. »

Pierre Laurent
, actuel secrétaire national du PCF, ancien directeur de la rédaction de L’Humanité : « Je me souviens surtout de l’édition 2001, pour le concert fabuleux de Manu Chao mais aussi pour le forum que j’avais animé quelques jours après les attentats du 11 septembre. C’est toujours un cocktail de fête de fraternité et de combat. »

Manu Chao
 : « La Fête de l’Humanité, c’est une des dernières fêtes sainement populaire où plein de gens différents de rencontrent. C’est un événement et un lieu uniques, où l’on se bat contre le futur qu’on nous impose. »

Deep Purple : « Quant à l’aspect politique de l’événement, même s’il n’est pas primordial pour nous car nous sommes avant tout des musiciens, on est sensible à ces idéaux. »