Valère Staraselski

La Fête de l’Humanité : 80 ans de solidarité
Journal du Dimanche du 12 sept.2010

« Même les ministres de droite s’y rendent »

Valère Staraselski est écrivain et auteur de l’ouvrage La Fête de l’Humanité, 80 ans de solidarité, aux éditions le Cherche Midi

Quel sens a la Fête de L’Huma, quatre-vingts ans après sa création ?
L’esprit est resté le même : celui du partage, du politique, du social et du culturel, où l’on oublie le monde sans pitié le temps d’un week-end... C’est l’occasion d’un brassage social et générationnel. Le même qu’en 1930, lorsque la Fête a débuté à Bezons (Val d’Oise), sous la pluie. A la Libération, en 1945, elle revêt le symbole de lutte pour la paix et contre la décolonisation. En 1952, lors de la création de la vignette, elle permet au journal de renflouer ses caisses. L’aspect musical est présent très tôt et n’a cessé de s’amplifier : Charles Trenet a ouvert la marche en 1936, puis Henri Salvador, Barbara, Jacques Brel, Johnny Hallyday, les Pink Floyd... Aucun artiste ne refuse la Fête de L’Huma. Certains lui ont même laissé leur cachet, comme Patrick Bruel ! Puis il y a eu un renouveau au début des années 2000, avec la présence de différents partis et associations, qui s’en sont emparés pour exister.

Comment expliquez-vous que cette rencontre fasse désormais office de « sommet de la gauche », du NPA jusqu’au Parti socialiste ?
C’est un rendez-vous politique incontournable, car il réunit plus de 500 000 personnes. Le peuple est là tel qu’en lui-même, les dirigeants politiques viennent donc pour y prendre la température. Depuis les années 1990, toute la gauche s’y investit, exception faite de 2005, année du référendum sur la Constitution européenne, où seuls les « nonistes » de gauche étaient là, dont Laurent Fabius, qui avait reçu un œuf sur la tête. Aujourd’hui, même les ministres de droite s’y rendent, car le cadre est républicain et l’écho très fort. L’Huma est un journal de gauche affiché, mais qui n’est plus dans l’imaginaire collectif le journal du Parti communiste. C’est le journal fondé par Jean-Jaurès.

Propos recueillis par C. N.