Valère Staraselski

La Fête de l’Humanité, 80 ans de solidarité
"La fête de l’Humanité" - Article - le Patriote 2010

Culture


La Fête de l’Humanité 80 ans de solidarité ( publié au cherche midi)

Il y a un peu plus d’un an je terminais mon compte rendu de la fête de l’Huma 2009 en citant ces vers de L’Âge d’or de Léo Ferré : Nous aurons l’amour / Dedans tous nos problèmes / Et tous les discours / Finiront par Je t’aime / Vienne vienne alors / Vienne l’âge d’or... Il me semblait que cette chanson était en symbiose avec tout ce bonheur que j’avais vécu et vu pendant 3 jours. Je ne savais pas que, 50 ans plus tôt, pour la fête de 1959, Léo y avait créé cette chanson... J’ai appris cela dans le superbe ouvrage de Valère Staraselski, La fête de l’Humanité - 80 ans de solidarité (Editions Le Cherche Midi). Cet écrivain est essayiste, romancier, documentariste. Ce spécialiste d’Aragon a publié deux essais sur l’auteur du Roman inachevé. Je ne saurais trop vous recommander ses deux derniers romans, Nuit d’hiver et Une histoire française (Le Cherche Midi). C’est toujours aux mêmes éditions que Valère Staraselski sort en 2004 Un siècle d’Humanité, en collaboration avec Roland Leroy, et en 2009 Un siècle de Vie Ouvrière, avec Denis Cohen.
La fête de l’Humanité - 80 ans de solidarité, préfacé par Patrick Le Hiaric se présente comme un long voyage en trois étapes : les 80 fêtes, l’actualité de l’année concernée, et une riche documentation iconographique, que cela soit des reproductions d’affiches, de la « une » de l’Huma le lendemain de la fête, photos de concerts, de foule, de stands, de discussion. En voyant toutes ces photos de ces gens passionnés, heureux, libres, il me revient ce que m’avait dit Gérard du stand de l’Hérault l’an dernier : Les gens, ils viennent nous voir, ils entendent mon accent, et là, je crois que le débat et la diversité, elle est autant importante dans le contact des gens que de s’asseoir autour d’une table et de philosopher sur la société et l’avenir. Parce qu’en fin de compte, on est, nous, participants la réalité de la vie.
Allez, prenons un exemple, l’année 1975 : elle est, cinq ans plus tard, la moitié des 80 ans de la fête, elle est en quelque sorte éloignée et proche. Cette année-là, deux expositions centrales parallèles, l’une scientifique, l’autre artistique, un seul titre : Des hommes et des outils. Dans le domaine musical, outre une série de concerts, Le Mandarin Merveilleux, de Bela Bartok, Dies Irae, oratorio de Penderecki à la mémoire des victimes d’Auschwitz et Au grand soleil d’amour chargé, de Luigi Nono, dédié aux Martyrs de la Commune. En lisant La fête de l’Humanité - 80 ans de solidarité on apprend aussi hélas que, en 1975, Pier Paolo Pasolini est retrouvé assassiné sur la plage d’Ostie. La Palme d’or du festival de Cannes revient à Taxi Driver, de Martin Scorcèse.
La fête de l’Huma, c’est aussi la fête aux livres : dans l’Huma du 17 septembre 1971, André Wursmer écrit que le public « a acheté 150 millions de francs de livres. Ce qui signifie que la Fête de l’Humanité est aussi la plus grande manifestation littéraire de France ».
Je laisserai le mot de la fin à Raymond Devos, à la fête de 1975 : J’ai remarqué, on parle beaucoup de fête. Pour un oui, pour un non, on dit : la fête. On emploie souvent ce mot. J’ai même un peu peur qu’on l’utilise trop. Mais la fête de l’Humanité - et ce n’est pas du tout par complaisance que je dis cela - elle m’a toujours subjugué. Elle est à la fois gigantesque et elle est l’esprit même de ce qu’est, pour moi, une fête.

Jacques Barbarin