La Revanche de Valère Staraselski
Valère Staraselski nous livre aujourd’hui, avec La Revanche de Michel-Ange, suivi par Vivre intensément repose, republication d’un recueil de douze nouvelles qui aboutissent à une
sorte de roman autobiographique. Il avait déjà ouvert une fenêtre sur son propre « personnage » dans plusieurs de
ses textes, tels Dans la folie d’une colère très juste, Un homme inutile, Nuit d’hiver et Sur les
toits d’Innsbruck.
Cependant, il fait ici un pas en avant plus explicite dans la direction d’une représentation à la
fois organique et sincère de son parcours d’homme et d’écrivain, choisissant d’abord les
années de sa vie les plus significatives pour cette représentation, se résolvant ensuite à
partager avec le lecteur ses expériences, à lui montrer comment, après des années de travail incessant,
ses déchirures se sont enfin estompées en un sentiment
d’apaisement et de confiance devant l’évidence de sa vocation à l’écriture et la satisfaction de
voir celle-ci respectée et reconnue. De tout cela découle pour lui un impératif moral, celui de
transmettre, aux nouvelles générations surtout, ce que l’Histoire nous apprend avec son
immense patrimoine de luttes et de conquêtes sociales et culturelles.
Tout cela est bien exprimé dans l’une de ses nouvelles, Vivre intensément repose : « Oui,
j’aime la littérature ! Oui, j’aime le monde ! Seulement, étant comme la majorité, pour moi depuis le
collège, dans l’obligation de travailler sans cesse, je me suis fait une raison en même temps
qu’une devise : vivre intensément repose ! Quelle autre réponse que celle-ci... à la grande
dépossession de la vie ! »
Dans La revanche de Michel-Ange, sans démordre de son défi existentiel d’écrivain engagé,
Staraselski saisit l’importance du sujet de l’art et notamment du destin de l’artiste dans la
société. La question cruciale de la liberté d’expression de l’artiste — de plus en plus écrasé ou
mis à l’écart par des lobbies économiques occultes ayant profité d’une globalisation à sens
unique pour imposer leurs lois inexorables — est en train de devenir une question
dramatiquement vitale dans notre société.
Au-delà de deux nouvelles citées, il ne faut pas négliger le rôle narratif de dix autres perles de
beauté littéraire de ce recueil où, par le biais d’une bouleversante polyphonie de voix et de
lieux chéris, l’on nous convie finalement dans le monde ayant vu Valère Staraselski se former
une splendide identité d’écrivain et témoin sensible de nos temps difficiles.
Giovanni Merloni
La revanche de Michel-Ange suivi de Vivre intensément repose ; 213 pages. La passe du vent