Le Maître du Jardin

En quatre tableaux, ou épisodes, soigneusement datés, les quatre saisons de La Fontaine. Printemps 1652, en conversation avec Turenne sur la route de Dammartin, il a 32 ans et confie au maréchal ses goûts littéraires. En 1668, il a 47 ans : deux étudiants rêvent de le rencontrer dans le jardin d’Orléans (l’actuel Luxembourg) et ne le reconnaissent pas dans l’homme qui les entretient avec une malicieuse bonhomie. Automne 1680 : il a 59 ans ; son ami François Maucroix lui rend visite dans sa retraite de misère rue Saint-Honoré. Hiver 1693 : il a 72 ans, il est très malade, renie publiquement ses Contes et fait une confession générale àl’abbé Pouget, vicaire de la paroisse Saint-Roch. Epilogue : en 1695, Maucroix, l’ami de toujours, trie les papiers de La Fontaine et relit en pleurant les dernières lettres reçues de lui.

L’idée est heureuse et heureusement mise en œuvre. L’information sur l’homme, son temps, la cour et la ville, et l’état des lettres, est très sûre. Le jeu des citations non signalées et enfilées selon le genre du centon ravit le connaisseur. L’esprit de l’évocation sonne juste. On passe sur quelques menues imperfections : le latin est un peu écorché, et dans une langue qui se veut d’époque (avec glossaire emprunté au Français classique de Gaston Cayrou) quelques expressions plutôt contemporaines font un peu tache (en un mot comme en cent, ça n’est rien de le dire...). Peccadille. On est vraiment dans les pas de La Fontaine, comme le veut le sous-titre.

Le Maître du jardin, dans les pas de La Fontaine publié aux éditions du cherche midi 192 pages 15 €

B.P.