C’est toujours une gageure, pour un écrivain, un essayiste, un journaliste, de reprendre ses
articles ou interventions sur une décennie (2013-2023) et d’en faire un livre, sans que rien ne
semble unir ces textes, forcément disparates, forcément datés, et dont la réunion, pourtant,
comme on dit, « fait sens ».
Ce « sens » chez Valère Staraselski, il faut avant tout le chercher dans un engagement, mieux :
une prise position. Prendre position, voilà qui parait, aujourd’hui, bien dépassé, tant le
reniement s’avère banal.
Valère Staraselski est un intellectuel communiste fier de l’être qui ne renie pas son histoire –
la sienne propre- ni celle de son pays, de son parti, ni celle de ce qu’on appelait autrefois le
mouvement ouvrier international. Et c’est tout cela qui permet à ce panoramique littéraire,
politique et philosophique « Du pape François à Domenico Losurdo, penseur du
communisme », de trouver son unité et son harmonie.
Mais alors, que vient faire ici Mélenchon ? Rien. Il n’est jamais cité ; aucune allusion n’est
faite au personnage. C’est un repère géographique pour évaluer une distance. C’est un ailleurs
grand ouvert au monde et sur le monde. C’est une provocation, au meilleur sens du mot : une
provocation à penser.
’« La position d’un écrivain, d’un intellectuel, engagé dans une organisation politique - de
droite, du centre, de gauche ou d’ailleurs et peu importe l’époque -, écrit Arlette Vidal-
Naquet, la préfacière du recueil, n’a jamais été des plus aisées. Quand elle n’est pas risquée.
Mais n’est-ce pas, après tout, le prix à payer pour ne pas s’en tenir à ce que chacun a en
propre et fuir l’entre-soi pour enfin se mêler activement de ce qui regarde tout le monde ? »
De quoi aller loin, très loin.
Loin, très loin de Jean-Luc Mélenchon. Du pape François à Domenico Losurdo, penseur du
communisme, Valère Staraselski, préface d’Arlette Vidal-Naquet, L’Harmattan, 2024.