Valère Staraselski

"Loin, très loin de Jean-Luc Mélenchon, du pape François à Domenico Losurdo penseur du communisme."
Bernard Giusti- Vendémiaire- Août 2024

Journaliste, écrivain, intellectuel engagé, Valère Staraselski y aborde tous les grands sujets auxquels nous sommes confrontés dans nos sociétés depuis des décennies (tant il est vrai que la lutte des classes est sur tous les fronts) et y traite donc des champs du politique, du syndical, du culturel, du sociétal ou de l’écologie. Loin des prises de position purement théoriques ou dictées par les émotions du moment, loin des poses de salon, Valère Staraselski s’appuie essentiellement sur le quotidien, la matière brute de la réalité pour construire pas à pas une réflexion analytique qui, sur le fond, répond à deux grandes lignes directrices : l’Histoire et la lutte des classes.

Avec cette approche de la politique par Valère Staraselski nous voilà donc très loin de la détestable moralisation de la politique, qui s’est si bien développée aux USA sous l’impulsion des églises, avant de conquérir tout l’Occident sous couvert d’humanisme pour le plus grand profit du capitalisme. En effet, lorsqu’on réduit les problématiques politiques à des notions aussi fluctuantes que celles du Bien et du Mal, on ne fait que réduire les faits sociaux à des antagonismes manichéens, et surtout – c’est bien là le but de la manœuvre - on fait évidemment l’économie de l’analyse causale des évènements en évacuant allègrement du champ de la réflexion toute dialectique historique.

En prenant résolument le contre-pied de cette vision idéaliste – et, disons-le, parfois réactionnaire – si partagée aujourd’hui dans les milieux de la « gôche », Valère Staraselski offre à tout militant se réclamant du communisme et/ou du syndicalisme un précieux guide de réflexion et un repère essentiel pour guider l’action quotidienne.

Mais évidemment il ne saurait y avoir de réflexion ou d’action réellement fécondes sans situer les problématiques locales ou nationales dans un contexte général historique et mondial, et pour un communiste sans penser les transformations et les héritages du communisme. Aussi Valère Staraselski consacre-t-il tout un chapitre à une présentation de l’œuvre d’un penseur majeur du communisme actuel, Domenico Losurdo. Ce chapitre, tout théorique puisse-t-il paraître, est en fait indispensable en ce qu’il redonne à l’action militante son sens et sa place réels. En dehors de l’intérêt évident qu’on portera à la lecture de ce chapitre, il nous rappelle surtout que la théorie est en quelque sorte « l’ossature » de l’action, à condition que la théorie soit sans cesse confrontée, comme l’avait rappelé Lénine, à l’épreuve des faits. Car comme me le disait souvent un de mes professeurs, réfugié argentin sous Videla car juif et communiste : la théorie, c’est de la pratique.

Bernard Giusti