Valère Staraselski

Loin, très loin de Jean-Luc Mélenchon, du pape François à Domenico Losurdo penseur du communisme
Hoël Le Moal - Cause commune -Septembre/Octobre 2024.

Malgré un titre inutilement provocateur (d’autant qu’il n’est jamais question de Mélenchon dans l’ouvrage), le nouvel essai de Valère Staraselski est un aiguillon stimulant pour qui veut articuler l’air du temps à la possibilité du communisme au XXIè siècle. Constitué essentiellement d’articles déjà parus dans L’Humanité ou sur le blog de "La faute à Diderot", l’auteur propose des réflexions pertinentes sur la question nationale (la gauche se contente selon lui de "la vision régnante, antijacobine, anti-Etat, libertaire de la deuxième gauche") sur le bilan des différents partis communistes (qui ont fait avancer notamment en France, des "réformes non-réformistes" comme la Sécurité sociale), sur le nécessaire combat contre l’antisémitisme.
L’auteur appartient aussi à ces communistes qui invitent le PCF à "sortir des cartels électoralistes, du gauchisme culturel". On peut regretter une certaine redondance (par le fait que diverses allocutions prononcées soient reprises dans l’ouvrage), mais la fin de l’ouvrage propose plusieurs textes indispensables.
D’abord un reportage au local CGT de l’hôpital Cochin qui donne à l’auteur l’occasion d’échanger avec des travailleuses et des travailleurs du service public hospitalier, ce qu’on peut lier à sa défense d’un PCF partant des" réalités vécues en matière de classe".
Enfin, le dernier texte du livre est probablement la contribution majeure de l’ensemble : une présentation du philosophe italien Domenico Losurdo. Il s’agit ici d’une synthèse très utile, déjà proposée lors de l’université d’été du PCF en 2023, pour qui veut se confronter à cette pensée qui rejette l’idée dominante des années 1990 selon laquelle existait une "impossibilité irrémédiable de toute tentative pour construire une société socialiste."
A propos de ces expériences socialistes, Losurdo défend "l’autocritique la plus impitoyable" qu’il oppose néanmoins à "l’autophobie", cette aptitude des communistes à détruire unilatéralement ce qu’ils ont adoré, et ce, parfois, sans le moindre examen critique. L’ouvrage est donc un vigoureux exercice d’honnêteté intellectuelle.