Valère Staraselski

Notes de lecture : "Loin, très loin de Jean-Luc Mélenchon..."
Roger Anglument -blogspot.com -27 octobre 2024.

Reçu en service de presse un livre détonant écrit par un communiste, Valère Staraselski, qui porte un regard critique sur le paysage politique à gauche...

J’avoue n’avoir suivi que de loin, le cheminement de l’essayiste Valère Staraselski qui signe "Loin, très loin de Jean-Luc Mélenchon...", aux éditions L’Harmattan (collection Libre champ).
Cet ouvrage est un recueil de chroniques parues, de 2013 à 2023, dans ce qu’il est convenu d’appeler la presse de gauche (de l’Humanité à Témoignage chrétien mais pas que...). De quoi raviver chez le lecteur, grâce à une écriture limpide, l’actualité brouillonne d’une décennie passée, pleine de bouleversements et de remises en cause (laïcité, place de la religion, antisémitisme de gauche comme de droite, Gilets jaunes, radicalité,...)

Après avoir rappelé que notre homme est également l’auteur d’une biographie d’Aragon (au titre évocateur : "L’inclassable") et d’une dizaine de romans (dans lesquels la politique a souvent sa place), on se dit que Valère Staraselski a décidément préféré toute sa vie arpenter une voie étroite et personnelle plutôt qu’une autoroute balisée par une idéologie sans bretelles de sortie. Sans bifurcations pour voir la réalité comme elle.

Nouvelle gauche émancipée

Cette position inconfortable pour un intellectuel en a fait un empêcheur de penser en rond. Ce qui explique pourquoi, par exemple, ce communiste membre du PCF à Meaux, fut exclu du stand Livres de la Fête de l’Huma en 2023 avant d’être réintégré grâce aux protestations de nombreux camarades.

Dans le contexte politique du moment, instable et délité à gauche, la parole de l’essayiste a toute sa place. Loin de LFI et de Mélenchon, qu’il n’évoque pas dans son livre, Valère Staraselski veut croire à une nouvelle gauche émancipée. C’est chez le philosophe marxiste, Domenico Losurdo, qu’il puise les fondements de sa réflexion : " il faut développer une idée d’émancipation radicale et cependant réaliste, il ne faut pas perdre de vue l’épaisseur de l’être social de l’État, de la question de la langue, de la religion, du marché, de l’épaisseur de tout ce qui avait été appelé à disparaître ".

Que l’on adhère ou pas à la voie tracée par la pensée de Valère Staraselski, il faut toutefois prendre le temps de s’y arrêter.

"Loin, très loin de Mélenchon... Du pape François à Domenico Losurdo, penseur du communisme" aux éditions l’Hamattan (Libre champ). Préface d’Arlette Vidal-Naquet.

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