Valère Staraselski

Nuit d’hiver
Claudie Kibler Andreotti - La Marseillaise
28 décembre 2008

« Nuit d’hiver ». Valère Staraselski nous livre le roman d’une enfance douloureuse. Il signe ici un bel hymne à la vie.

Portrait d’un auteur, esquisse d’une œuvre

Pensif, l’homme est attachant, ses écrits prenants.

Il évoque pour nous Nuit d’hiver son dernier ouvrage. Cette peinture douloureuse, bouleversante, de l’enfance de Joseph Esperandieu, est un sublime hymne à la vie.

Placé en famille d’accueil vers l’âge de trois ans Joseph subira une existence insupportable qu’il assuma fatalement faute de connaître autre chose, faute de comparaison... Et parce que dans la pire obscurité Joseph a toujours tenté de déceler l’infime rayon de lumière...

C’est l’histoire d’un petit garçon résilient qui se déroule dans les années 60... « A 4 ans, il est placé dans une famille d’accueil. Sa mère est psychotique, il ne connaît pas son père... Il finit par s’en sortir car il rencontre l’école communale, le catéchisme et... des gens. C’est une belle leçon de vie ! »
L’a-t-il connu ?
« Oui, je l’ai connu... Son beau regard sombre soudain s’embrume. En apesanteur, un léger nuage voile ses prunelles... Je me suis inspiré de ma propre histoire...bien amoindrie... »

Aujourd’hui serein, l’auteur enchaîne malgré mon trouble « Les sévices que le petit garçon a subis, ces apnées récurrentes dans un lavabo où Willy son tortionnaire plongeait sa tête, son regard blessé mais digne lors de ce rejet de l’école car « né en janvier » trop jeune... s’asseoir sur les bancs avec tous les autres était pourtant son coin de ciel bleu... »

Il lui faudra s’émanciper de la malédiction.

Il pense à Prague, à Lise, à son père, le vrai.... Blessures accumulées en strates, elles font de lui le battant d’aujourd’hui vainqueur de l’écorché vif qu’il fut...

« Ce livre est très demandé par les éducateurs spécialisés et les instituteurs. Je pense qu’il faut sortir de la plainte, arrêter de gémir, se battre et trouver autour de nous des raisons de vivre... Ce n’est pas Beyrouth, ce n’est pas Auschwitz ! Il y a toujours de l’espoir. Je pense au livre de Georges Séguy « Résister ». Quand il est à Mathausen, il a espoir...

Comme en mer, ramer c’est dur, mais le ciel est beau !

Titulaire d’une licence d’histoire et d’un doctorat de lettres, rédacteur en chef du mensuel CCAS Infos, Valère Staraselski est un humaniste profond, authentique.

Parmi ses ouvrages, on retiendra Un homme inutile, roman de la passion dans l’indifférence d’un homme qui ne croit plus à l’utilité d’être un homme... « Il faut savoir désobéir », « Garder son âme ».

« Dans « Monsieur le Député » je prends la défense des hommes politiques qui sont bien plus utiles que certains joueurs de tennis... j’ai écrit une biographie d’Aragon, je dénonce les rouges bruns, l’extrême droite et je travaille à présent sur les cent ans de la Vie Ouvrière... »

Quoi qu’il arrive l’auteur au style précis et savoureux, « low-brow » assuré de « Vivre intensément repose », emprisonne son lecteur jusqu’à la ligne ultime de la nuit d’hiver... d’Adolf Kosàrek.

 Claudie Kibler Andreotti
La Marseillaise
28 décembre 2008