Mais si je dis que l’écriture de Valère Staraselski bouge sur ses bases, c’est que j’y lis une volonté de saisir de manière beaucoup plus compacte les instants décisifs d’un psychisme, d’une personnalité, d’un caractère. Si l’écriture à mon sens bouge sur ses bases, c’est que l’espace mental de l’enfance revisité par l’adulte musicien offre des aperçus cinglants. Ainsi suit-on Joseph, dont le nom dissimule mal en réalité un espoir placé d’abord dans les forces profondes de l’homme de chutes en coups et d’effacements en affirmations, par la littérature, puis par le piano, dont l’apprentissage nous est cependant masqué. Le monde social qui entoure ce garçon trop tôt vieilli apparaît dans tout son déséquilibre et nous retrouvons la tonalité « roman à thèses » des œuvres précédentes : « Ah les héritiers, ils en sont persuadés, parlent d’un lieu qui ne peut se nommer qu’évidence ». Désormais, la vérité du monde sera ressentie loin des évidences théoriques à l’aune de cette « tension constitutive ». Cette tension qui anime la plume de Staraselski et qui devrait aussi, bientôt, la libérer.
Luc Vigier
L’Humanité - 23 octobre 2008