Valère Staraselski

Sur les toits d’Innsbruck
De la réalité à la fiction... ou l’inverse
Vincent Ferrier - Chemins de Traverse - janvier 2015

Dans son dernier roman, Valère Staraselski nous conte l’émergence d’une relation amoureuse entre deux jeunes (et beaux !) randonneurs en montagne tyrolienne ; des gens ordinaires si l’on veut : elle, Katerine Wolf attachée administrative et allemande, lui, Louis Chastanier, expert en bois en mission et français. Le début du récit est une véritable symphonie pastorale, tant la beauté de la forêt de ces montagnes d’Autriche est en harmonie avec la sensibilité et la communion des deux randonneurs : une beauté somptueuse, charnelle, colorée, faite de respiration paisible malgré l’effort exigé par l’affrontement des pentes et des précipices mais non idyllique et au sein de laquelle la notion même de la mort est rapidement émergente, comme en témoigne le choc vécu par les deux protagonistes lors de leur visite à une petite chapelle perdue dans la forêt et dans laquelle ils découvrent une chevrette blessée à mort (pas un chevreuil : une chevrette, ce détail a son importance) au pied du crucifix supportant Jésus ( quel symbole !) et qu’ils sont finalement contraints d’achever.

Ces deux randonneurs échangent tout au long de leurs randonnées. Beaucoup. Surtout lui, qui exprime avec détermination son indignation, sa colère face à ce qu’est devenue notre société qui impose - pour citer l’auteur -"l’idéologie de la consommation mariée à celle de la cupidité ... la négation de l’autre tellement affichée ... ces dealers qui brassent plus d’argent que les états ... ces soi-disant politiques corrompus es qualités ... cette crasse tenace, épaisse contre la culture et l’art ... ces champs phosphatés ... ces cités où l’air est mangé par les gaz ... etc ". Nous pourrions ajouter, avec Aragon : cette société « où l’homme ne sait plus ce que c’est qu’être deux », et conseiller au lecteur notamment les pages 56-58 du manuscrit qui en fait déclinent le credo militant politique et, disons-le, révolutionnaire de l’écrivain militant qu’est Valère Staraselski.. Discours d’autant plus « dérangeant » qu’il est tenu au sein d’une nature souveraine et d’une beauté à couper le souffle. Dérangeants aussi les propos échangés, en fin de l’ouvrage entre Louis, Katerine et un certain monsieur Wolf, allemand originaire de l’ancienne RDA disparue et toujours militant communiste, propos qui soulèvent le problème de la perspective d’un véritable communisme après l’échec de cette « utopie mortifère, comme toutes les utopies, expression d’un volontarisme exaspéré, insensé... ».

Tout ce questionnement sur les rapports de l’Homme avec l’Homme et la Nature suffiraient à fonder l’intérêt de l’ouvrage. Mais il faut pousser plus loin l’analyse pour en mesurer toute la portée. Le lecteur remarquera qu’à la fin de l’ouvrage, après la dernière ligne, figure la mention « A l’hôpital de Vierzon, ce 26 juin 2014 ». Cette précision a, bien évidemment, son importance. Il faut savoir, en effet, que ce jour est celui du décès, au-dit hôpital, de la compagne de Valère Staraselski, Roxane Maurer, finalement vaincue après de longues, trop longues souffrances, par le cancer. La mention du 26 juin 2014 signifie donc que l’auteur a rédigé au moins dans sa partie finale et achevé la rédaction de son roman au chevet de sa compagne. Il le confirme lui-même dans l’hommage à Roxane qu’il a publié sur son site le 2 juillet 2014 et donc public. C’est d’abord l’épisode de la mort de la chevrette dans la chapelle ; c’est aussi, à plusieurs reprises, l’évocation du cancer qui a frappé récemment Katerine et dont on ne sait si elle en est guérie ou simplement en rémission ; c’est aussi cette histoire apparemment prosaïque du chat dont se sont épris Katerine et Louis, surtout Louis qui en fait finalement son confident et n’hésite pas à s’endormir contre lui et, dans la réalité, c’est Valère Staraselski lui-même qui dépose leur chat sur le pauvre corps décharné de Roxane qui écrit alors sur une feuille : « Pendant que le chat s’endort, les souvenirs se transforment sous le claquement du vent. ». Pour autant, ce n’est pas la désespérance qui a le dernier mot dans les deux textes évoqués ici.

Valère Staraselski est un lutteur : la dernière image de "Sur les toits d’Innsbruck" est celle d’un magnifique chevreuil "en majesté" surgissant de près de la petite chapelle éclairant de sa beauté la neige tyrolienne, effaçant donc l’image initiale de la chevrette morte ; et le dernier mot de l’hommage de l’auteur à sa compagne Roxane est celui de "lumière".

Ainsi se révèle si fécond pour la connaissance le mariage indestructible entre la fiction et la réalité.

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