Valère Staraselski

Sur les toits d’Innsbruck
Etienne Hatt - Artpress
mars 2015

Apparemment loin de l’histoire de France qui avait irrigué plusieurs des derniers récits de Valère Staraselski, Sur les toits d’Innsbruck, son huitième roman, conduit le lecteur sur les sentiers du Tyrol autrichien. Dans ces alpages et ces forêts, dans cette nature préservée qui s’apparente à un paradis, l’Allemande Katerine et le Français Louis se rencontrent, se découvrent et s’aiment. Chez Staraselski, romancier et essayiste qui ne fait pas mystère de son engagement politique, le récit sensible, servi par une plume à l’écoute de la nature, des êtres, des corps et des sentiments qu’ils suscitent, finit néanmoins par prendre un tour un peu trop didactique. A la première partie, empathique et belle, de ce bref roman, succède ainsi une critique tous azimuts de la France et du monde contemporains. Elle n’épargne pas même Jeff Koons et ses "mômeries" au château de Versailles. Elle révèle un désenchantement, dont la conséquence à tirer, entre le retrait du monde de Louis et le militantisme du père de Katerine, reste en suspens. Elle souligne aussi la fidélité de Staraselski à la question de l’environnement, manifeste depuis ses premiers écrits.

Pourtant, si ce livre est habité par son auteur, c’est moins pour ses prises de position que pour l’hommage qu’il représente. Il ne peut en effet se comprendre sans lire, sur le site de l’écrivain, un texte qui suit la disparation de sa compagne. La date et le lieu du décès sont aussi celui de l’achèvement de la rédaction du roman. Des détails deviennent essentiels et l’épisode de la mort d’une chevrette, celui de l’apparition d’un lumineux chevreuil prennent une valeur métaphorique. A la fois roman à thèse et roman à clé, Sur les toits d’Innsbruck, est ainsi un hymne à la vie dont l’auteur sait toute la fragilité.

Etienne Hatt