Croisée des chemins
Le chemin de Goethe, dans les Alpes, est un sentier d’altitude pour randonneurs. Ainsi nommé en mémoire du trajet accompli par le poète entre Munich et le col du Brenner, au seuil de son Voyage en Italie de 1786. Au-dessus d’Innsbruck, il surplombe à ce point la ville que ceux qui l’arpentent pourraient presque se croire en apesanteur. C’est là que Katerine et Louis vont se rencontrer. Elle, Allemande, lui, Français. L’un comme l’autre sont attirés par l’éternité confondante de ces paysages des montagnes du Tyrol. Ils partagent un goût joyeux de la solitude et de l’effort, une capacité intacte à l’émotion, à l’émerveillement. Le très beau livre de Valère Staraselski est l’histoire de leur amour, mais aussi de leurs attachements. Car ces deux marcheurs se sont étrangement reconnus. Sur les toits d’Innsbruck nous parle de nature et de fragilité. De l’avenir du monde, du temps compté. Le texte est traversé d’une incroyable douceur. « Tout homme qui marche peut s’égarer », écrivait Goethe dans Faust. Ou retrouver son chemin.
Xavier Houssin
Sur les toits d’Innsbruck de Valère Staraselski, éditions du cherche midi, 140 pages, 12,50€
Le Monde des livres - 26 juin 2015