A la demande de Témoignage Chrétien, Valère Staraselski se rend à Assise comme écrivain invité pour participer à l’assemblée de prières pour la paix dans le monde organisée à la demande du pape Jean-Paul II. Nous sommes le 24 janvier 2002. Deux cents personnalités, venues des quatre coins du monde, de confessions diverses, ont fait le chemin pour Assise. Valère Staraselski est athée et communiste. Cela semblera paradoxal à certains mais, très conscient de l’intrication de tout le vivant, il est particulièrement apte à traverser les formes religieuses ou traditionnelles pour en chercher la structure, une structure fluide de paix et de fraternité. Militer pour un monde plus harmonieux est une forme de prière, la prière par l’action, on ne peut plus initiatique.
Valère Staraselski publia un premier article sur cette longue journée dans Témoignage Chrétien puis le récit intégral de ce jour singulier en 2005. C’est ce texte qui est repris ici, vingt ans plus tard, dans un monde encore plus dégradé et dégradant.
Assise, c’est François, saint François. Déjà à Damiette en 1219, la rencontre de François avec le Sultan d’Egypte Malik Al Khamil avait exposé l’enjeu. Les Croisés n’avaient rien entendu et vite oublié la belle leçon de François et du Sultan. Cette rencontre entre deux esprits libres fait signe, toujours et encore. C’est le cas en cette journée de janvier 2002 où tous conversent, convergent, contribuent à une nouvelle alliance, celles des êtres humains avec eux-mêmes
Tous disent et l’urgence, et la nécessité… de cesser de trahir Dieu, les dieux, la nature, les êtres vivants… Valère Staraselski rend compte de paroles lucides, fortes, d’un chemin commun d’espérances.
« S’il est vrai qu’il y a du religieux ailleurs que dans les religions, remarque-t-il, il n’en est pas moins vrai que la paix dans le monde ne pourra être promue s’il n’y a pas de paix entre les religions et si celles-ci ne montrent pas aussi le chemin. La vérité n’est pas un absolu mais une recherche, une quête. »
Ce premier pas est loin d’être réalisé mais la volonté de reconnaissance de l’autre devient insistante.
Le texte d’Assise aurait pu être un prélude au dernier livre de Valère Staraselski, Les Passagers de la Cathédrale (Le Cherche Midi) ou peut-être un épilogue avec ces deux mots ajoutés : Et maintenant ?
Rémi Boyer